Encore une fois, il y a un procès d'intention auquel je n'adhère pas. On assiste à un événement singulier qui a marqué les esprits partout dans le monde. Sur le plan collectif, personne ne cherchait à violer l'intimité de sa famille, surtout qu'on espérait le revoir vivant, de retour chez ses parents. La fin inattendu et tragique suscite forcément des réactions spontanées, et chacun l'a exprimé dans ses propres mots et avec ses propres outils. Certaines réactions sont plus sincères, et plus louables que d'autres. Mais quand le Pape himself prend la parole au sujet de Rayan, et que les chefs d'états présentent leurs condoléances, l'affaire est rendue publique à un échelle cosmique, et on aura atteint un point de non retour pour parler d'intimité symbolique. En 5 jours, Rayan est devenu l'enfant du monde, l'enfant de tous les papas, et de toutes les mamans, dans un sens, ou dans un autre. Il y a un deuil collectif que nous partageons avec la famille de Rayan, un deuil concernant uniquement l'enfant du puits. Mais il y a également le deuil intime de l'enfant Rayan qui a vécu 5 ans auprès de sa famille, et non 5 jours, avec tous les souvenirs partagés, son innocence, son rire et ses expressions, l'attachement affectif, le lien du sang, ses affaires, ses vêtements, ses lieux...cette partie du deuil qui n'appartient qu'aux parents et à la famille Rayan. Et c'est ce deuxième deuil qu'il faut respecter par le reste du monde.