Les vertus pédagogiques des concours d’éloquence

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la rose et le réséda
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Ces joutes oratoires, longtemps cantonnées aux facs de droit et aux instituts d’études politiques, ont franchi, ces dernières années, les portes des autres facultés, des écoles de commerce, et même des écoles d’ingénieurs.

Argumentation, qualités d’expression et d’écoute, engagement, confiance en soi : leurs vertus pédagogiques sont nombreuses.
“Je suis devenu professeur après une carrière dans la communication sportive, et mon premier cours ne s’est pas très bien passé… Je me suis dit : soit je prends le taureau par les cornes, soit je jette l’éponge”, se remémore en souriant Guillaume de Saint Louvent, professeur de communication orale et de prise de parole en public à La Rochelle Business School.

Pour intéresser ses élèves, il imagine un petit jeu : à chaque cours, ils auront trois minutes pour présenter de manière originale un mot oublié – “palinodie”, “léthifère”, “jaboter”, etc. – au reste de la classe. En 2014, il ajoute une touche de “gamification” : les meilleurs, élus par leurs camarades, s’affrontent dans le cadre d'un concours appelé “public speaking challenge”. Quatre ans plus tard, l'exercice est plébiscité par les étudiants et l'école accueillera en mars, à leur demande, un véritable concours d’éloquence ouvert à tous les élèves du groupe.
De HEC à Skema, en passant par ICN, Kedge, l’EDC ou Sorbonne Universités, les concours d’éloquence, longtemps cantonnés aux facultés de droit et aux IEP, ont franchi ces dernières années les portes des universités, des grandes écoles de management et même des écoles d’ingénieurs. Parfois à l’initiative d’enseignants, comme à La Rochelle, parfois à celle d’associations étudiantes comme à Skema, souvent à celle des deux, mais toujours sous le regard bienveillant de l’établissement.
Une demande croissante des étudiants
Les raisons de cet engouement ?
Une demande croissante des étudiants, peu ou pas formés à la prise de parole en public lors de leur scolarité, portée par la mode du pitch, des concours comme “Ma thèse en 180 secondes” ou encore par le succès du documentaire “À voix haute”, qui retrace l’histoire d'Eloquentia, un programme d'expression public né à l'université Paris 8, à Saint-Denis (93).
Plus largement, les étudiants ont pris conscience “du caractère absolument vital de la communication orale dans l'entreprise mais aussi dans la société, où le besoin de transparence lié à la révolution numérique est fort”, analyse Bertrand Périer, avocat et enseignant à l’académie d’art oratoire de HEC.
D’un établissement à l’autre, les modalités de l’exercice – passages successifs ou joutes sous forme d’un “pour” et d’un “contre”, temps laissé pour préparer, puis prononcer son discours –, la tonalité du sujet tout comme le niveau et l’esprit des prestations varient fortement. Mais, dans tous les cas, l’objectif est le même : persuader, convaincre, séduire le jury et l’auditoire, réunis dans un amphithéâtre surchauffé, grâce à une argumentation solide et des qualités d’interprétation. Un art qui ne s'improvise pas !

Car le concours est l’aboutissement d’une formation spécifique. En partant des besoins du terrain, de plus en plus d’établissements construisent un module, appelé ici “communication orale”, là “art oratoire” ou “prise de parole en public”. Soit entre 20 et 30 heures, avec des allers-retours permanents entre théorie (rhétorique, argumentation) et pratique (ton, gestuelle, occupation de l'espace, langage corporel), dispensées par des professeurs “maison” et des intervenants extérieurs (avocats, comédiens, communicants… ).
Des cours dédiés à l'art oratoire
À l’Efrei, une école d’ingénieurs postbac, le concours d’éloquence est par exemple précédé de manière assez originale d’un enseignement très balisé, imaginé par le responsable du département de sciences humaines et de communication, Jean Soma, pour remédier aux difficultés des élèves ingénieurs à problématiser et mettre en perspective dans le cadre de la dissertation.
Après avoir lu des textes sur un thème donné – l’engagement –, les élèves élaborent un dossier sur un personnage, une théorie, une valeur, en rapport avec l'engagement, qui servira ensuite de base à la rédaction du fameux discours. “On part d’une matière un peu informe, et sur cette base on va dégager des champs lexicaux, collectionner des citations, bâtir un dossier documentaire, qui nous permettra de définir une stratégie argumentative, placer les figures de style au bon endroit…”, explique Jean Soma. Une formule qui, assure-t-il, porte ses fruits.
“Les émotions sont essentielles aussi pour convaincre"
suite sur http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/les-vertus-pedagogiques-des-concours-d-eloquence.html

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