Violences sexuelles : plusieurs cadres de fédérations sportives françaises accusés d’avoir couvert des affaires

JUSTICE - Le #MeToo du sport français se poursuit, avec fracas. Après une série de témoignages glaçants de victimes de violences sexuelles et d’auditions parfois très crispées de dirigeants, les députés de la commission d’enquête parlementaire sur les défaillances des fédérations sportives ont achevé leurs travaux le 19 décembre. Et selon les informations du Monde, confirmées au HuffPost par le parquet de Paris, ce jeudi 4 janvier, après plus de 90 auditions, la commission a émis, le 26 décembre dernier, six signalements à la justice pour parjure.

Ces signalements ont été faits au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, qui exige de fonctionnaires qui auraient eu connaissance d’infractions de les signaler à la justice, et en l’occurrence au procureur de la République.

Parmi les six personnes visées, cinq dirigeants du sport français sont soupçonnés par les parlementaires de n’avoir pas dénoncé des faits de violences sexuelles et sexistes dont ils ont possiblement eu connaissance.

Il s’agit du président de la Fédération française d’équitation (FFE) Serge Lecomte, de la présidente de celle des sports de glace (FFSG) Gwenaëlle Noury, de l’ex-président de la Fédération française de judo et disciplines associées (FFJDA) Jean-Luc Rougé, du directeur juridique de la Fédération française de football (FFF) Jean Lapeyre, et du directeur général de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), Fabien Canu.

Le délit de parjure est puni de cinq ans d’emprisonnement​


Le dernier concerné est le président de la Fédération française de tennis (FFT), Gilles Moretton, pour un parjure supposé concernant des éléments financiers. Le 27 octobre, le dirigeant s’est notamment « arrangé avec la vérité devant la commission en arguant que le “sujet” des soupçons de corruption et de détournement de biens publics pesant sur lui et en lien avec la billetterie de Roland-Garros était “clos” », écrivent nos confrères du Monde. Le Parquet national financier a pourtant ouvert l’été dernier une enquête préliminaire à ce sujet.

Sabrina Sebaihi, rapporteure écologiste de la commission parlementaire, a également indiqué avoir émis un septième signalement visant Nadir Allouache, président de la Fédération française de kickboxing, muay thaï et disciplines associées (FFKMDA). « Il y en aura peut-être d’autres, on n’a pas encore terminé », a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.

Le procureur de Paris est désormais libre de donner une suite judiciaire ou non à ces signalements. Ceux-ci « sont pour le moment en attente d’attribution aux sections compétentes », précise le parquet auprès du HuffPost et du Monde.


Lancée l’été dernier pour six mois, la commission d’enquête parlementaire sur les défaillances des fédérations sportives a entendu plusieurs victimes de violences sexuelles, dont l’ancienne espoir du tennis Angélique Cauchy le 5 septembre. Celle-ci avait décrit ce jour-là les multiples viols de son ancien entraîneur quand elle était mineure. « Je suis un peu morte à 12 ans », avait-elle confié lors de ce témoignage bouleversant, avant de raconter son chemin pour se « reconstruire ».
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