Acronymes, resuffixation et calembours Modifier le dernier élément de certains noms, comme «Brétoche» pour Brétigny (Essonne), c’est de la resuffixation. « Les fins en -oche, c’est un classique, note Alain Rey. Morlingue pour Morangis (Essonne), c’est plus intéressant car ça coïncide avec un vieux mot d’argot : un morlingue, c’est un porte-feuille.»
Le linguiste s’amuse aussi des «surnoms alphanumériques», comme «Ple6» pour le Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) ou «30Blay» pour Tremblay (Seine-Saint-Denis). «C’est un procédé moderne mais je compare ça aux rébus du XVIe siècle», sourit Alain Rey.
Bien évidemment, le verlan n’est pas en reste, avec par exemple «Teil-Cré» pour Créteil (Val-de-Marne). Mais «il est un peu essoufflé le verlan : ça devient des mots familiers comme les autres», relève Alain Rey. Le linguiste n’est guère plus amène avec les acronymes («VLG» pour Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), «procédé d’une banalité monstrueuse».
Et puis, il y a les surnoms les plus fantaisistes. D’abord ceux qui jouent sur le contraste entre une banlieue parfois morose et une Californie fantasmée par le cinéma ou les clips : Orly (Val-de-Marne) devient «Orlywood», Longjumeau (Essonne) «Longbeach». «Ce sont des mots-valise interlinguistiques, diagnostique Alain Rey. C’est de la pure rigolade.» Enfin, il y a de purs calembours : «Blankok» pour Le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), en référence à Bangkok (Thaïlande) ou «Ram-Teillebou» pour Rambouillet (Yvelines) («teillebou» pour bouteille en verlan).
Quant au plus mystérieux des surnoms, c’est sûrement celui qui voit «322» désigner la commune d’Epinay-sous-Sénart (Essonne). La clé du mystère réside... sur les écrans des calculatrices des années 1980 ! Afficher «322» dessus ressemblait à «ESS» en miroir, soit les initiales de la commune. Il s’agit là d’un acronyme alphanumérique. Une rareté !