VUB, UCL, UGent : des respirateurs dans le placard faute d'homologation

Ils sont prêts à l’emploi ou presque. Mais les respirateurs imaginés par le milieu universitaire et le secteur industriel ne peuvent pas être utilisés, pour des raisons d’ordre juridique.
Dès le début de l’épidémie, pour faire face à la menace d’une pénurie de respirateurs qui guettait les hôpitaux belges, plusieurs partenariats ont vu le jour : l’université de Gand avec Engie, la VUB avec Audi Brussels, l’UCLouvain avec plusieurs entreprises wallonnes (FN Herstal et Sonaca, notamment).

Les phases de recherche et d’expérimentation des prototypes arrivant doucement à leur terme, l’heure d’une production industrielle a désormais sonné, ou presque. Mis ensemble, ces projets sans but commercial pourraient permettre de faire sortir des chaînes d’assemblage d’usines à l’arrêt des milliers de respirateurs.

Alors, qu’attend-on pour lancer la production? Tous ces partenariats se heurtent au même obstacle : leurs respirateurs doivent obtenir une homologation qui tarde à venir.

  • Pourquoi ces respirateurs restent au placard ?
C’est une règle qui vise à protéger le patient comme le fabriquant : tout nouveau matériel médical doit obtenir une certification. Elle est délivrée par un organisme privé et indépendant. Il y en a plusieurs, qui sont désignés par l’Agence fédérale des médicaments (AFMPS), chargée en quelque sorte de surveiller le marché.

"Habituellement, pour faire certifier un nouveau dispositif médical, il faut entre un et deux ans. C’est évidemment beaucoup trop long vu la situation", explique Nicolas Bronchart, l’une des chevilles ouvrières du partenariat entre l’UCLouvain et le secteur industriel wallon.

Quid alors, d’une procédure accélérée ? C’est inimaginable, rétorque l’AFPMS : "ce n’est pas possible de le faire en si peu de temps, tout en préservant la santé publique", tranche l’agence fédérale.

  • Alors, comment sort-on de l’impasse ?

A défaut de pouvoir bénéficier d’une procédure de certification accélérée, les trois porteurs de projets de fabrication de respirateurs peuvent espérer obtenir une dérogation temporaire. C’est la voie suivie en Grande-Bretagne, pays confronté à la même urgence. L’AFMPS a copié son homologue anglais et rédigé une "guidance qui reprend les exigences minimales" pour avoir "toutes les chances d’obtenir une dérogation temporaire", en attendant une certification définitive qui interviendra dans plusieurs mois.

Mais là non plus, rien n’est simple. A la connaissance de l’AFMPS, aucun des partenaires "n’a déjà introduit ce type de dossier". Ce qui étonne du côté de l’UCLouvain, où Nicolas Bronchart affirme avoir rempli et envoyé le document : "nous n’avons pas reçu de réponse de leur part, seulement un accusé de réception. Je ne veux pas polémiquer, je me doute qu’ils sont débordés", précise l’ingénieur.

Manque de proactivité, manque de souplesse : certains observateurs, notamment au PS et au PTB, critiquent par contre l’attitude du fédéral dans ce dossier. Un élément est sans doute à prendre compte dans ce débat : l’évolution actuelle de l’épidémie en Belgique, qui laisse à croire que nos hôpitaux pourront se passer de respirateurs supplémentaires.
 
  • Les ingénieurs ont-ils travaillé pour des prunes ?

"On espère que nos respirateurs seront inutiles en Belgique : ce serait une bonne nouvelle." La phrase est de Marck Runacres, professeur de mécanique des fluides à la VUB.

"Il y a plein d’autres pays où cela pourra servir, continue celui qui a noué un partenariat avec Audi Brussels. On a des contacts très concrets avec le Canada l’Italie, le Brésil et l’Inde."

Côté wallon, l’UCLouvain est en relation avec plusieurs hôpitaux français : à Paris, Maubeuge et Lille notamment. Sans compter que de nouveau foyers de l’épidémie pourraient encore apparaître dans les semaines à venir.

"On pense principalement aux pays d’Afrique centrale, à certains pays d’Amérique du Sud ou d’Asie du Sud-Est, qui n’ont pas encore été frappés aussi fort que la Chine, l’Europe ou l’Amérique du Nord, explique Nicolas Bronchart. En plus, ces pays ont souvent une infrastructure médicale et hospitalière de base beaucoup plus faible et essayent de trouver des moyens pour se préparer au mieux à des situations critiques qui pourraient arriver."

A noter que tous ces projets portés par les universités et le monde industriel n’ont pas de visée commerciale. Ils s’inscrivent en outre dans une démarche "open source", de partage de savoir et d’information pour le plus grand nombre.

 
A

AncienMembre

Non connecté
Évidemment la certification est longue et je comprend la non mise sur le marché...même si c de l'open source...

La vraie question c'est si l'on dispose d'usines prêtes a fabriquer , pourquoi ne pas en faire sous licence? Ce ne sont pas les fabriquant qui manquent ... alors certes le coût n'est évidemment pas le même et ça enrichira ces multinationales... mais vu justement l'ampleur des ces épidémies et la crise économique qui s'en suit, les états ou institutions internationales doivent bien avoir des moyens de pression pour négocier si ce n'est faire appel à leur bon sens où coeur ( s'ils en ont un lol) au moins temporairement .
 
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