101 ème anniversaire de la bataille d'elhri

amsawad

Tayri nem tuder g-ul inu
Il y a un siècle , le 13 Novembre 1914, eut lieu la bataille d'Elhri, une localité distante d'une dizaine de kilomètres au sud de Khénifra. Les tribus amazighe, izayane et les tribus avoisinantes, conduites par Moha Ouhammou azayi, infligèrent aux armées françaises, de l'aveu même des français, « la plus grande défaite de toute leur campagne militaire en Afrique du Nord : 1060 soldats et 6O officiers tués-dont le colonel Laverdure, le commandant en chef de la région-, sans compter les armes et les munitions récupérées sur l'ennemi. Evidemment, imazighen eurent aussi des centaines de tués et de blessés dont des enfants, des femmes dont deux épouses de Mouha Ouhammou.

Cette victoire de simples citoyens armés de vieux fusils, de poignards et de tire boulets sur l'une des armées les plus puissantes de l'époque a eu de grandes conséquences sur la suite des événements au Maroc. En effet, cette victoire a redonné espoir et courage aux tribus qui commençaient à cumuler défaite sur défaite. Elle a mis en échec la stratégie des français qui savaient que sans la soumission des atlassiens leur entreprise coloniale ne pouvait pas aboutir à une main mise complète sur le Maroc. Or les français qui étaient en difficulté face aux allemands dans la première guerre mondiale, avait prévu la soumission des tribus amazighe le plus rapidement possible afin de concentrer leurs efforts de guerre sur Europe.

Ainsi, la victoire d'Elhri constitue un tournant décisif dans l'histoire de la résistance armée amazighe en particulier, marocaine en général contre l'occupant. Elle a permis la prolongation de la résistance armée jusqu'en 1934, avec les batailles célèbres de Tazizawt, de Bougafer, de Saghro et les accords qui s'en suivirent. Mais cette victoire inspirera aussi Abdelkrim Alkhattabi, et plus tard, l'émergence de l'armée de Libération marocaine, dont le promoteur, Abbas Elmssaâdi, est originaire du Moyen Atlas. A la mort de Moha Ouhammou en 1921, Abbas Elmssaâdi avait juste quatre ans. Abbas Elmassaâdi sera assassiné par les dirigeants de l'Istiqlal.

La suite :
http://www.amazighnews.net/201411251007/bataille-d-elhri.html
 

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Tayri nem tuder g-ul inu
La résistance Amazigh à travers la poésie

Bien que les manuels d’histoire ne donne pas une place importante à la résistance face à la colonisation au début du siècle , la tradition orale, et particulièrement la poésie, offre un témoignage sur cette lutte farouche des tribus berbères contre l'invasion des français. Les vers poétiques sélectionnés du poète Amliaz, narrent de la résistance berbère dans le Moyen et le Haut Atlas face à l’avancée des troupes françaises, à travers, les lieux cités. L’authenticité des faits exprimés et véhiculés par cette poésie de résistance est confirmée par les rapports et écrits des militaires français. Le poète cite à la fois le nom des villes, villages et bourgades soumises et le nom des officiers coloniaux qui ont participé aux différentes batailles. -Après la prise des villes côtières atlantiques, le colonisateur avance comme en témoigne ce vers qui nous renseigne sur la prise des grandes villes du Maroc central .
-A nall i FAS, ad as allegh i MEKNAS, a y AGURAY A SFRU, a TABADUT han irumin zlan agh

Pleurons Fès, Meknès, Agouray


Sefrou, Tabadout, les chrétiens nous ont ruinés.

La plaine du Saiss est ainsi « soumise » et la machine de guerre française s’attaque à la montagne. Comme en témoignent ces vers :

-Berci yserreh awal, iggufey is isdaâ KHNIFRA is al itteddu g ayt ttaât

La prise de Khénifra par Berger se confirme ,

Tant les résistants ne sont pas de vrais guerriers.

La même désolation est traduite dans ce vers qui réfère à la soumission d'Elhri(le 20 juin 1920), petite bourgade située à une dizaine de kilomètres de Khénifra.

-Uran t tzemmurin ass a gan t amm unna Yemmuten, a LEHRI tsiwel digun tawuct

Tu es, à présent, sans force et comme mort

Ô Lehri, la chouette fait entendre son cri lugubre.

La progression des troupes coloniales se fait par étapes. Après Elhri et Khénifra, le colonisateur escalade la montagne. Parti de Khénifra, il prend Alemsid

-Immut Buâzza, may ttabaâm a yimnayen S ixf ULEMSID ibbi wuzzal tassa nnes

Bouâzza est mort, cavaliers, inutile de

Charger vers Almsid, le fer a percé ses entrailles.

-Ar ittru WEGHBALA allig isru IKWSAL ar ittru BUWATTAS, a TIZI n TURIRT

Aghbal pleur et fait pleurer Ikousal

Et Bouwatta, ô Tizi n Tewrirt

-A TUNFIYT ttughen Saligan wessaght afella nnem ad d iâdel I sselk ad d iddu ghurrem

O Tounfiyt, les sénagalais s’activent,

Pour te relier au Chrétien par téléphone

-Inna m BAB n WAYYAD a tizi n taqqat Han arumy ibedda d a nebdu g imyamazn

Bab n Wayyad te dit, ô col

Le colon est là et les combats s’annoncent.

Les attaques françaises se déroulent aussi sur la frontière maroco-algérienne. C’est ce que ce vers nous révèle sur la prise du village de Boubnib au Sud Est.

-Ha BUDNIB ijjmeâd ddunit lla ttemmenzaghn inselmen d irumin afella nnun Boudnib,

centre d’intérêt du monde Théâtre

d’affrontement entre chrétiens et musulmans.

Ainsi, la poésie reste une source d’informations inestimables sur la résistance à la colonisation durant les premières décennies du XXe siècle.

La mémoire collective garde toujours vivace cette poésie. Une poésie qui assume plusieurs fonctions : témoigner pour les générations futures et exprimer la déroute d’une population qui a subi leu feu de l’artillerie et de l’aviation françaises.

Par Moha Mokhlis
 
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