À Montréal, les bibliothèques pourront exclure les personnes qui sentent mauvais

À partir du premier janvier 2024, un nouveau règlement entrera en vigueur dans certaines bibliothèques de Montréal: le personnel pourra désormais virer ou mettre des amendes aux visiteurs dont «l'hygiène personnelle incommode le personnel et les autres usagers», indique Vice.

Le montant des amendes sera de 350 à 1.000 dollars (320 à 910 euros) pour une première infraction, de 2.000 dollars (1.820 euros) pour une récidive, puis passera à 3.000 dollars (2.730 euros) pour trois infractions ou plus.

Une mesure initiée par Valérie Plante, la maire de Montréal, qui justifie dans un tweet: «Il faut reconnaître que le personnel des bibliothèques vit des situations délicates et complexes, qui nécessitent d'être mieux encadrées. Nous fournirons un guide d'accompagnement aux gestionnaires qui leur permettra d'appliquer en tout temps la réglementation ajustée de façon humaine, sensible et respectueuse.»

«Vous rendez la pauvreté illégale et c'est tout simplement odieux»​

John Tessier, fondateur de l'association Advocacy for Montreal dédiée à l'aide aux sans-abri, dénonce: «C'est une attaque de plus contre les sans-abri. La ville devrait trouver des solutions au problème, par exemple en ouvrant plus de centres d'accueil de jour ou en créant davantage de logements sociaux.
Ces SDF essaient juste d'échapper au froid, et les bibliothèques sont un endroit où ils peuvent être tranquilles et passer inaperçus: c'est tout ce qu'ils veulent, ils n'y vont pas dans le but de déranger les autres.»


Il poursuit: «Ceux qui ne perçoivent que 750 dollars par mois d'aides sociales ne seront pas en mesure de payer les amendes: vous rendez la pauvreté illégale, et c'est tout simplement odieux.»
Eve Lagacé, directrice de l'Association des bibliothèques publiques du Québec, déclare: «Je préférerait qu'il y ait davantage d'investissements pour rendre la situation plus simple à gérer plutôt que des politiques d'exclusion. Dans des régions comptant de nombreux SDF et travailleurs sociaux, certaines bibliothèques ont collaboré avec des organisations communautaires: on a observé des effets bénéfiques, que ce soit chez les personnes en difficulté mais aussi chez le personnel.»
 
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