Je partage avec vous un article sur l'arabisme (je ne savais pas où le mettre!) :
L’arabisme par delà nationalisme et islamisme
Mon, 12/15/2008 - 18:39 — Editor
Burhan Ghalioun
Le nationalisme arabe a toujours été un sujet de controverse, non seulement au sein du monde arabe entre militants appartenant aux différentes mouvances idéologiques, mais également au sein de l’opinion internationale et dans les milieux académiques.
De la difficulté d’être arabe
Perçu par ses adeptes comme l’expression d’une identité séculaire, se manifestant à chaque période de l’histoire par des réalisations authentiques, dont l’islam et la civilisation arabo-islamique constituent les meilleures illustrations, le nationalisme arabe n’est, pour ses multiples détracteurs, qu’une retombée de l’histoire coloniale n’ayant aucune racine dans la culture et les sociétés arabes1. C’est notamment la position des différents mouvements politiques d’inspiration islamiste qui pensent que l’insistance sur l’arabité de ces sociétés vise à occulter leur identité islamique au risque de faire le jeu de la colonisation qui a toujours cherché à diviser le monde musulman. Le nationalisme ne signifie pour eux que le retour à la période antéislamique où dominait un esprit de corps tribal, au détriment des enseignements religieux et des principes moraux. Si les islamistes de tous bords voient dans l’arabisme une altération de l’identité islamique qui est la seule réelle et légitime, les négateurs laïques, toutes tendances confondues, de l’arabisme y décèlent, au contraire, une altération grossière des identités nationales particulières de chaque peuple et pays, voire un rejet de l’idée de l’Etat nation que ces derniers incarnent ou tendent à incarner.
Un appel d’empire révolu
Pour ces anti-arabistes, le nationalisme arabe n’est que la manifestation d’un appel d’empire (musulman) révolu qui ne veut pas se taire. Ainsi, Nasser a été assimilé, par les média occidentaux, dans les années cinquante, après la nationalisation du Canal de Suez, à un nouveau Führer qui cherche à réhabiliter l’idée de l’unité du monde musulman et de son culte de la puissance. Soulignant des pratiques politiques discriminatoires des régimes baathistes de Syrie et d’Irak, le déplacement des populations Kurdes ou l’emploi de méthodes expéditives dans la répression des opposants, certains analystes sont allés jusqu’à assimiler l’arabisme au fascisme2. Plus récemment, la confusion de plus en plus banalisée entre l’arabisme et l’islamisme favorise la généralisation du discours xénophobe et parfois franchement raciste, né après la guerre arabo-israélienne d’octobre de 1973 et la crise pétrolière qui l’a suivie. L’islam et l’arabisme y apparaissent comme la source naturelle d’un mal inextricable : le culte de la violence, le terrorisme, l’obscurantisme, le rejet de l’autre, lié à un péché originel qui s’appelle le refus irrationnel de la modernité et de ses valeurs3.
Une fiction inventée par l’Occident
La diffusion des thèmes nouveaux sur la guerre des civilisations, le choc des cultures ou la guerre mondiale contre le terrorisme conduit à davantage de radicalisation des positions. Dans un article intitulé : « To Win Over Terrorism, Eradicate pan-arabism », un académicien grec d’origine turque, va jusqu’à nier l’existence même des Arabes. Le nationalisme arabe, dit-il, a été une fiction inventée par les pays occidentaux pour semer la confusion au sein de la région du Moyen Orient afin de mieux la dominer. Mais ce nationalisme n’a pas fonctionné parce que, tout simplement, il n’y a pas d’Arabes. Il y a des Araméens, des coptes, des Yéménites, des berbères, qui ont des structures mentales différentes que l’arabisation ne peut et ne doit pas occulter. Les Arabes étaient une minorité infime qui s’est totalement dissoute dans les peuples conquis. Les Arabes d’origine ont été, malgré la propagation de leur langue, désarabisés sur le plan culturel, plus qu’ils n’ont arabisé les autres peuples majoritaires. Il va même jusqu’à recommander l’introduction de l’enseignement de l’araméen, du copte, etc. dans les pays respectifs, pour aider ces nations enfouies sous la fiction de l’arabité, à retrouver leurs véritables identités et vaincre l’anarchie et la confusion4.
suite et fin :
http://social-sciences-and-humanities.com/online/?q=node/164