Grand-messe des Salafistes mardi dernier à Mechraâ Belksiri, une petite ville du Gharb, à 90 kilomètres de Kénitra. Lassociation Jamaât Attabligh Wa Daâwa (groupe de prédication et dappel à Dieu) y organise sa rencontre annuelle pour cette région. Des rassemblements similaires sont régulièrement tenus à travers tout le Maroc. La dernière en date a eu lieu à Berrechid il y a quelques mois. Pas moins de 10.000 membres ont fait le déplacement pour apprendre les règles de la prédication, grâce à un programme intensif qui sétale sur trois jours. Dès les premières heures de ce mardi 8 mai, les groupes de fidèles ont commencé à affluer sur le lieu de rassemblement, où les journalistes ne sont pas toujours les bienvenus. La rencontre du guide général de la Jamaâ, Bachir El Younssi, relève pratiquement du parcours du combattant, pour, à la fin, se voir opposer une fin de non-recevoir. Mais cela nenlève rien à lambiance de cette localité du Gharb, qui contraste avec son calme habituel. A la sortie de la ville, le siège de la Jamaâ, de couleur ocre, est entouré de plusieurs tentes caïdales, et orné de drapeaux. Voitures individuelles, autocars, charrettes
tous les moyens sont bons pour transporter les fidèles vers le siège de lorganisation. Jeunes et moins jeunes, en grande partie des agriculteurs, commerçants ou encore étudiants, se distinguent par leurs longues barbes, leurs kamiss (habit pakistanais) ou jellabas, avec une calotte ou un turban sur la tête. Au sein de ce grand rassemblement, aucune trace de la gent féminine. Cest une rencontre dédiée aux apprentis-prédicateurs, qui laissent derrière eux femmes et ménages pour se consacrer à répandre la parole de Dieu. Les membres de cette association tiennent à rappeler leur spécificité par rapport aux autres mouvements salafistes. «Nous condamnons la violence, et nous appelons à utiliser la bonne parole pour attirer les citoyens vers la voie de Dieu», avance un des anciens de la Jamaâ. Jusquà présent, «aucun membre na été impliqué dans des actions de terrorisme. La Jamaâ ne compte pas de prisonniers dans ses rangs», soutient-il. Elle se présente comme étant une organisation apolitique, nayant aucun lien avec les autres courants de lislamisme politique. «Nous navons aucune relation avec Al Adl Wal Ihssan, ni les autres mouvements qui mélangent religion et politique», affirme un autre membre, allusion faite au PJD, ou à la Salafia jihadia. Lors des échéances électorales, «aucune consigne na été donnée aux disciples. Chacun est libre de voter pour la personne de son choix», ajoute-t-il.
http://www.leconomiste.com/article/894273-au-c-ur-de-la-machine-salafiste
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