Dans une supérette de Bahreïn, Jana Abdallah fait des courses en regardant sa tablette, où sont listées des marques occidentales accusées de soutenir Israël dans sa guerre contre
le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.
McDonald’s, Coca-Cola, Carrefour, Starbucks... Même si certaines de ces entreprises ont nié leur implication dans le conflit, elles sont accusées de soutenir Tsahal, l’armée israélienne, moralement ou financièrement.
« En solidarité avec les Palestiniens »
«
Nous avons commencé à boycotter tous les produits qui soutiennent Israël, en solidarité avec les Palestiniens », affirme Jana Abdallah, adolescente de 14 ans. «
Nous ne voulons pas que notre argent contribue à prolonger les combats. »
Jana et son petit frère Ali, pourtant adeptes de fast-food américains, ont rejoint une campagne lancée sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok
, appelant à boycotter des produits et des enseignes internationales présentées comme pro-israéliennes.
Le mouvement dépasse la zone géographique du Moyen-Orient. En France, c’est Carrefour qui est actuellement dans le collimateur. Le compte de BDS France (du nom de la campagne « Boycott, désinvestissement et sanctions contre le régime d’apartheid israélien ») reproche notamment au groupe d’avoir « envoyé des colis personnels aux soldats israéliens ».
Slogan choc
Portée par une jeunesse férue de nouvelles technologies, la campagne de boycott propose des sites, des extensions et des applications mobiles pour identifier les produits à bannir. Sur le navigateur Google Chrome, l’extension PalestinePact permet aussi de flouter les publicités de produits figurant sur la liste.
Les méthodes traditionnelles ne sont pas en reste. Sur les abords d’une autoroute à quatre voies au Koweït, d’énormes panneaux d’affichage montrent des images d’enfants avec des bandages, tachés de sang. Un slogan choc s’adresse aux consommateurs qui n’ont pas encore suivi le mouvement:
« Avez-vous tué un Palestinien aujourd’hui ? »
Le soutien de l’Occident à l’offensive israélienne à Gaza « a renforcé le mouvement de boycott au Koweït » en démontrant que ses principes en matière « de droits de l’homme ne s’appliquent pas à nous », affirme le militant Mishari Al-Ibrahim.
Le géant américain de la restauration rapide McDonald’s est devenu une cible de choix après que sa franchise en Israël ait annoncé le mois dernier offrir des milliers de repas gratuits à l’armée israélienne.
Le café américain Pura Vida Miami et la pâtisserie britannique Maitre Choux ont indiqué, dans des communiqués avoir fermé leurs portes au Qatar après les positions jugées favorables à Israël affichées par leurs propriétaires sur les réseaux sociaux.
« Le moins que l’on puisse faire »
En Egypte, une vieille marque de soda locale, écrasée par la concurrence étrangère, indique avoir fait un retour en force. Pour répondre à la hausse de la demande, Spiro Spathis a affirmé avoir lancé de nouveaux recrutements et reçu plus de 15 000 candidatures.
Le mouvement est tel en Égypte qu’il risque de nuire à l’économie, a prévenu la Fédération des chambres de commerce égyptiennes puisque les licences de distribution et les franchises visées sont détenues par des entreprises égyptiennes.
Pour beaucoup, comme Abou Abdallah, un père de famille Tunisien, impuissants face à la catastrophe humanitaire pour les Palestiniens, estime simplement que le boycott «
est le moins que l’on puisse faire pour nos frères de Gaza ».