Cannibale, sodomite, rigolo... Le terme « bamboula », prononcé jeudi 9 février par un policier sur la chaîne de télévision France 5, renvoie le Noir à la figure caricaturale d'un grand enfant brutal, et nie son humanité.
Explications avec la linguiste Marie Treps.
Stupéfaction jeudi 9 février, sur le plateau de l’émission « C’dans l’Air ». Avant d’être vivement repris par la présentatrice, un syndicaliste policier français, Luc Poignant, jugeait que l’insulte « bamboula », « ça ne doit pas se dire, mais ça reste à peu près convenable. »
Il s’agit pourtant bien d’une injure… proférée dans un contexte déjà tendu suite à l’interpellation particulièrement brutale d’un jeune noir de 22 ans, Théodore, alias « Théo », à Aulnay-sous-Bois (Seine-saint-Denis).
Pour comprendre à quel point le terme est dégradant, il faut se plonger dans l’ouvrage Maudits mots, la fabrique des insultes racistes (TohuBohu éditions), de la linguiste Marie Treps. « Bamboula », explique-t-elle, serait issu de « ka-mombulon » et « kam-bumbulu », qui signifient « tambour » dans les langues sara et bola parlées en Guinée portugaise. En 1714, en Côte d’Ivoire, le mot a pris le genre féminin, et désigne cette fois une « danse de nègres »… « il est déjà connoté négativement puisqu’il est associé au « nègre », à l’esclave noir, à un moment où la traite est en pleine expansion », nous précise l’auteur. La bamboula devient synonyme de danse violente et primitive dès la moitié du XIXe siècle (il conserve d’ailleurs ce sens aujourd’hui).
Des « bamboulas » pour sodomiser les « boches »
Mais c’est en 1914, avec l’arrivée des tirailleurs sénégalais sur le front que le terme se charge lourdement de mépris. « Le mot renvoie alors à une imagerie alliant sauvagerie, cannibalisme, sexualité animale et rire, naïveté enfantine supposée des soldats noirs », souligne Marie Treps. On la retrouve dans des caricatures du magazine français L’Illustration, alors abondamment diffusé. Le tirailleur sénégalais, personnage à la fois violent et « rigolo » dans les dessins de l’époque, menace par exemple les soldats allemands de *******..........................
http://www.jeuneafrique.com/402466/...ium=JeuneAfrique&utm_campaign=PostFB_10022017
Explications avec la linguiste Marie Treps.
Stupéfaction jeudi 9 février, sur le plateau de l’émission « C’dans l’Air ». Avant d’être vivement repris par la présentatrice, un syndicaliste policier français, Luc Poignant, jugeait que l’insulte « bamboula », « ça ne doit pas se dire, mais ça reste à peu près convenable. »
Il s’agit pourtant bien d’une injure… proférée dans un contexte déjà tendu suite à l’interpellation particulièrement brutale d’un jeune noir de 22 ans, Théodore, alias « Théo », à Aulnay-sous-Bois (Seine-saint-Denis).
Pour comprendre à quel point le terme est dégradant, il faut se plonger dans l’ouvrage Maudits mots, la fabrique des insultes racistes (TohuBohu éditions), de la linguiste Marie Treps. « Bamboula », explique-t-elle, serait issu de « ka-mombulon » et « kam-bumbulu », qui signifient « tambour » dans les langues sara et bola parlées en Guinée portugaise. En 1714, en Côte d’Ivoire, le mot a pris le genre féminin, et désigne cette fois une « danse de nègres »… « il est déjà connoté négativement puisqu’il est associé au « nègre », à l’esclave noir, à un moment où la traite est en pleine expansion », nous précise l’auteur. La bamboula devient synonyme de danse violente et primitive dès la moitié du XIXe siècle (il conserve d’ailleurs ce sens aujourd’hui).
Des « bamboulas » pour sodomiser les « boches »
Mais c’est en 1914, avec l’arrivée des tirailleurs sénégalais sur le front que le terme se charge lourdement de mépris. « Le mot renvoie alors à une imagerie alliant sauvagerie, cannibalisme, sexualité animale et rire, naïveté enfantine supposée des soldats noirs », souligne Marie Treps. On la retrouve dans des caricatures du magazine français L’Illustration, alors abondamment diffusé. Le tirailleur sénégalais, personnage à la fois violent et « rigolo » dans les dessins de l’époque, menace par exemple les soldats allemands de *******..........................
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