L’alpiniste marocaine Bouchra Baïbanou s’apprête à escalader, en avril, le plus haut sommet de la planète : le mont Everest, qui culmine à 8.850 m d’altitude. À quelques semaines de relever ce grand défi, Baïbanou s’est confiée au «Matin» sur sa préparation pour dompter le toit du monde. Elle est revenue également sur son histoire avec les cinq sommets déjà escaladés et se projette déjà dans son dernier challenge, le mont Vinson en Antarctique.
Le Matin : Comment vous est venue l'idée de gravir les plus hauts sommets de la planète ?
Bouchra Baïbanou : C’était un pur hasard !
J’étais en pleine préparation pour gravir le mont Kilimandjaro, et là je découvre un projet qui s’appelle «les sept sommets». J’ai commencé à faire des recherches sur ce projet, ça m’a motivée pour relever le défi (…) vu que j’avais déjà escaladé le plus haut sommet d’Afrique. Je me suis dit, pourquoi ne pas essayer les autres. Bien sûr, je savais que c’était un projet audacieux, coûteux et qui demande beaucoup d’efforts. Mais cela ne m’a pas empêchée de me lancer dans mon périple (…) Ma détermination m’a permis de gravir les cinq plus hauts sommets au monde. De l’Afrique jusqu’en Amérique du Sud, en passant par l’Océanie et l’Europe. Aujourd’hui, il ne me reste que deux sommets avant de clôturer mon tour du monde. Le mont Everest et le massif Vinson en Antarctique.
En parlant de l’Everest, comment est-ce que vous vous préparez à gravir le toit du monde ?
C’est une préparation qui dure depuis des années. On ne peut pas décider du jour au lendemain que l’on peut gravir l’Everest. Il faut avoir de l’expérience dans le domaine de l’alpinisme. Il faut aussi avoir déjà escaladé quelques sommets, pour être en mesure d’évaluer ses capacités physiques et la réaction du corps en haute altitude.
Car même des sportifs de haut niveau ont du mal à s’acclimater avec l’altitude, surtout au-delà de 6.000 m. C’est pour cela qu’il est nécessaire de se préparer physiquement et surtout moralement, car l’expédition demande beaucoup d’efforts, vu qu’elle dure plus de deux mois, dans des conditions extrêmes (…) Si l’on n’a pas la capacité psychique pour dépasser ses limites au-delà du possible, on ne peut pas y arriver.
À quel rythme vous êtes-vous entraînée pour pouvoir relever ce challenge ?
Je m’entraîne quotidiennement, j’essaie de varier les activités physiques en pratiquant différents sports. Car chaque sport apporte un plus au niveau physique. Mais la préparation la plus importante reste l’escalade, la randonnée et l’alpinisme. C’est ce que j’ai pu faire récemment en faisant des stages en Écosse, dans les Alpes françaises, la Sierra Nevada en Espagne et à Toubkal et dans sa région.
Comment se déroulera votre ascension de l’Everest ?
Je vais partir au début du mois d’avril au Népal. Dans un premier temps, on sera installé au camp de base qui culmine à 5.300 m d’altitude. Pendant cette première étape, je serai accompagnée de mon mari et de quelques amis (…). Après leur départ, je resterai au camp de base avec l’équipe de l’expédition pour m’acclimater et préparer mon corps à la haute altitude, en effectuant des montées et des descentes entre les camps deux et trois. Ensuite, quand la météo sera favorable, on attaquera le sommet. Cela peut prendre quelques jours avant de revenir au camp de base. La grande difficulté que l’on pourra rencontrer durant la montée sera au niveau du glacier du Khumbu, car il y a beaucoup de crevasses dans cette partie de la montagne et l’on devra traverser avec des échelles et des cordes (…). Le danger réside aussi dans le risque d’avalanches et les changements brusques de la météo. L'autre élément à appréhender est le manque d’oxygène qui n’est que de 30% à cette altitude. C’est pour cette raison que l’on sera équipé de bouteilles d’oxygène.