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ANDERLECHT L’auteur présumé de l’attentat incendiaire de lundi soir ayant coûté la vie à l’imam Cheikh Abdallah de la mosquée chiite d’Anderlecht est un isolé qui a agi seul et n’avait parlé à personne du projet qu’il préparait depuis 15 jours.
Mais selon nos infos, il a évoqué en audition une erreur de timing, un décalage entre les heures de prières sunnites et chiites (il existe une différence de 19 minutes entre les deux) qui fait qu’il aurait trouvé à 18 h 40 moins de monde qu’il ne le pensait. Sa déception aussi : la mosquée Rida n’était pas remplie.
Cet homme, déjà contrôlé en séjour illégal en Belgique en 2009, se dit marocain et sunnite salafiste. Il déclare avoir été motivé par la situation en Syrie et les images de chaos total relayées depuis des semaines par les médias, un chaos qu’il attribue, dans son discours, à la communauté chiite.
Cet homme vivait à Bruxelles de travaux non déclarés, et touchait de l’ordre de 800 euros par mois.
Il n’a pas le look barbu . Il était bien vêtu, en costume. Dans une des 3 déclarations d’identité, il a prétendu s’appeler “Noso” , né en 1979. Dans une autre : “Boukaré” .
Il avait reçu il y a 2 ans un ordre de quitter le territoire belge, qu’il n’avait pas exécuté. L’attentat devait, selon lui, “faire peur à la communauté chiite” . Chez la juge, il a ajouté qu’il n’avait pas l’intention de tuer. Le décès de l’imam n’était pas voulu.
À ceux qui l’ont approché, il a moins donné l’impression d’un fondamentaliste radical que d’une personnalité hantée par la souffrance, des autres et la sienne.
Selon des sources, il a fréquenté la mosquée Assouna rue Bisse, à Anderlecht. Trouvé en possession d’un trousseau de clés, il refusait hier soir encore d’indiquer l’endroit de son logement où, selon lui toutefois, se trouverait son passeport marocain.
Préparant son projet depuis fin février, il admet être passé à plusieurs reprises devant la mosquée. Ses habitudes, en Région bruxelloise, sont à Molenbeek et Anderlecht.
Il parle l’arabe, un peu l’italien, un peu le français.
Dès à présent, la question de son état mental est posée. Dans les prochains jours, la juge d’instruction Marie Dagnely va désigner des experts psychiatres pour évaluer sa responsabilité pénale. L’avocate Nathalie Ginot assurera sa défense.
En 24 heures, il a déjà donné trois identités fausses et livré une quatrième qui pourrait s’avérer la bonne. L’enquête tentait hier soir de le vérifier. Ses empreintes ne figuraient par contre pas dans la banque de données de la police belge.
L’auteur présumé ajoute que s’il n’avait pas été coincé dans la mosquée, il se serait livré spontanément à la police et à la justice belges. La juge Mme Dagnely l’a inculpé d’incendie volontaire dans un immeuble habité ayant entraîné la mort avec la circonstance aggravante que le motif est basé sur la religion. Elle se réserve de l’inculper plus tard de terrorisme.
Il est 18 h 46 lundi soir quand les pompiers sont alertés. Le corps de l’imam est découvert dans la salle de prières, à l’étage. L’autopsie confirme le décès par asphyxie liée à l’inhalation des fumées.
L’auteur était arrivé avec un sac à dos, une hache, un couteau et un bidon de 3 à 5 l d’essence (essence achetée il y a plusieurs jours), mais pas d’écrits ni tracts revendicatifs à caractère religieux.