Büsra hamurcu : «il ne faut surtout pas arrêter de parler le turc à la maison»

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Büsra Hamurcu, doctorante à l’Université de Rouen. Elle travaille sur les enfants d’origine turque scolarisés en maternelle.

12176.jpg

1) Votre intervention lors du colloque a été particulièrement remarquée. Vous remettez en cause l’un des postulats les plus tenaces selon lequel le fait de parler le turc à la maison retarderait l’apprentissage du français…

Effectivement. J’ai comparé les enfants dont les parents parlent uniquement le turc et les enfants dont les parents parlent le français et le turc. Ce sont les préjugés des enseignants qui m’ont poussée à faire cette comparaison, ils pensent que le fait de parler uniquement la langue d’origine à la maison peut être un frein à l’acquisition du français. Or, j’ai démontré qu'à la fin de la moyenne section de maternelle, les enfants qui parlent uniquement le turc ont le même vocabulaire (qu’on appelle «diversité lexicale» en linguistique) en français que les enfants qui parlent les deux langues à la maison.

2) Comment l’expliquez-vous ?

Le français devient langue dominante pour ces enfants à partir de 5 ans, donc le fait que les parents parlent le turc à la maison ne change rien. Deux années de scolarisation en maternelle suffisent pour que le français devienne langue dominante et le turc langue dominée. Le fait de parler turc à la maison n’entrave pas l’apprentissage du français contrairement à ce que pensent les enseignants. Il faut donc privilégier le turc avant la scolarisation pour que l’enfant bénéficie d'un bilinguisme équilibré. Comme je viens de le dire, le français va de toute manière prendre le dessus dès 5 ans. Aujourd’hui, au sein des familles de la nouvelle génération où l’on parle plus français que turc, il y a donc plus un risque de dépérissement de la langue turque qu’un risque de retard dans l’apprentissage du français. Il ne faut surtout pas arrêter de parler le turc à la maison.

3) Quelle est la réaction du corps enseignant lorsque vous lui transmettez les résultats de votre recherche ?

Les enseignants font de la résistance et cela peut se comprendre. Il n’y avait pas de travaux dans ce domaine, on n’avait rien pour prouver le contraire de ce qu’ils pensaient. C’est désormais chose faite avec les résultats de ma recherche. Je les communique aux enseignants, je fais des formations et ils sont très étonnés. Certains restent malgré tout dubitatifs. Au nom de la réussite de leurs élèves, ils interdisent par exemple aux enfants de parler turc entre eux. Les enseignants sont très sévères sur ce point, or, je le redis, il n’y a aucun mal à parler sa langue d’origine. Au contraire, bien maîtriser sa langue d’origine permet d’acquérir plus vite et mieux une autre langue. Il ne faut pas se cacher derrière la peur du communautarisme ou de l’idéologie républicaine pour camper sur une position qui est scientifiquement erronée.


L’enseignement du turc en France : les linguistes tirent la sonnette d’alarme

Le 17e congrès international sur la linguistique turque a réuni durant trois jours plus de 200 spécialistes à Rouen. Au-delà d’être une plateforme d’échanges sur des sujets techniques touchant à la morphologie, la phonétique ou la sémantique de la langue turque, le symposium a été l’occasion de mettre en évidence un grand paradoxe : le turc connaît un intérêt croissant mais l’offre d’enseignement reste très en-deçà de la demande.
 
A

AncienMembre

Non connecté
c'est ce que j'ai toujours aimé chez les turcs (en vérité, j'aime bcp de chose chez eux) leur langue maternelle est parlé à la maison! quand ils sont entre eux, ils parlent également en turc!

et je trouve ça bien! ici quand je vois des jeunes marocains et cie parler arabe entre eux, c'est pour insulter une personne qui passe ou se moquer :claque:


le pire se sont les jeunes parents de mnt! ils parlent français entre eux! leurs enfants ne maîtrise rien de l'arabe et au final les enfants de leur enfant ignorons l'arabe complètement
 

farid_h

<defunct>
Contributeur
Erdogan a dit lors de son discours a Cologne que l'assimilation est un crime contre l'humanite. Elle semble etre une erdoganiste... :D
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
c'est ce que j'ai toujours aimé chez les turcs (en vérité, j'aime bcp de chose chez eux) leur langue maternelle est parlé à la maison! quand ils sont entre eux, ils parlent également en turc!

et je trouve ça bien! ici quand je vois des jeunes marocains et cie parler arabe entre eux, c'est pour insulter une personne qui passe ou se moquer :claque:


le pire se sont les jeunes parents de mnt! ils parlent français entre eux! leurs enfants ne maîtrise rien de l'arabe et au final les enfants de leur enfant ignorons l'arabe complètement

Tout à fait, même des sociologues l'ont remarqué : les turcs, à l'instar des portugais, transmettent leur langue de génération en génération, tandis que pour les maghrébins, ça se perd très vite, les enfants de parents parlant l'arabe ne la parlent même plus. C'est inadmissible.

En fait c'est parce que les maghrébins ont une complexe du colonisé comme beaucoup d'Africains. Personnellement je projette vraiment d'apprendre l'arabe dès cette année, maximum l'année prochaine Insh'Allah, car je souhaite la maîtriser et pouvoir la transmettre.
 

farid_h

<defunct>
Contributeur
Ce n'est pas un crime contre l'humanité, mais c'est un véritable génocide culturel.
Faut pas exagerer non plus: la culture turque n'est nullement menacee, meme si tous les Turks de la diaspora s'assimilaient a 100%. Il reste la Turquie avec une nombreuse population et une vie culturelle vibrante et tres vivante.
 

Nalinux

It's not a bug, it's a feature.
Un passage m intrigue ...
Certains (enseignants) restent malgré tout dubitatifs. Au nom de la réussite de leurs élèves, ils interdisent par exemple aux enfants de parler turc entre eux. Les enseignants sont très sévères sur ce point, or, je le redis, il n’y a aucun mal à parler sa langue d’origine.
C est la même situation qui s est produite il y a 70 ou 80 ans en France par rapport aux langues régionales telles que l occitan, le breton, etc ..
Or, il me semblait clair que tout le monde de nos jours était d accord sur le fait que ça a été une erreur, et que le français peut cohabiter avec une autre langue culturelle.
Je suis surpris que des prof de maternelle empêchent leurs élèves de parler leur langue culturelle ...
 

kolargool

schtroumpf CoCo
VIB
DAns mon entourage je connais une famille pour qui cela est problématique... Les enfants sont encore en petite école est on des difficultés car a la maison les parents ne parlent que darijaa alors qu'ils connaissent le français..
 

Iman07

VIB
Une copine à moi est albanaise, jusqu'à ce qu'elle entre en maternelle, elle ne parlait pas un mot de français. Ses parents lui ont toujours parlé en albanais. Ben pourtant elle a jamais eu de retard de français et a toujours été une excellente élève. Et en plus elle est parfaitement bilingue aujourd'hui.
 

Espiegle69

Evil Halouf
Tout à fait, même des sociologues l'ont remarqué : les turcs, à l'instar des portugais, transmettent leur langue de génération en génération, tandis que pour les maghrébins, ça se perd très vite, les enfants de parents parlant l'arabe ne la parlent même plus. C'est inadmissible.

En fait c'est parce que les maghrébins ont une complexe du colonisé comme beaucoup d'Africains. Personnellement je projette vraiment d'apprendre l'arabe dès cette année, maximum l'année prochaine Insh'Allah, car je souhaite la maîtriser et pouvoir la transmettre.

Rien à voir avec le complexe du colonisé mais plutôt avec le fait que le turc est la même langue à l'oral et à l'écrit le tout supporté par une culture (littérature, musique...) très développée.

Rappelez vous que les maghrébins ne parlent pas arabe littéraire à l'oral mais des dialectes arabes ou amazighs assez pauvres en vocabulaire. Les dialectes sont dominants au Maghreb car il suffise pour les choses de la vie courante mais dès qu'un minimum de vocabulaire technique est requis, le français fait son apparition.

On voit bien que dès que des populations maghrébines (ou africaines de manière générale) sont insérées dans un société avec une langue "forte" c'est à dire qui est la même à l'oral et à l'écrit et supporté par une culture abondante comme c'est le cas de la France, l'Allemagne ou les USA, les dialectes maghrébins disparaissent en deux générations car pas assez développés pour réellement faire contrepoids.

Après les indépendances, les élites maghrébines ont essayer de résoudre le problème en promouvant l'arabe littéraire mais force est de constater que plus de 50 ans après les indépendances, la greffe n'a pas pris et l'arabe standard est une langue morte à l'oral au Maghreb.

Montréal est un excellent exemple du processus d'acculturation linguistique chez les maghrébins, la langue dominante de la première génération est le darija ou les dialectes amazighs, pour la seconde c'est le français et l'anglais pour la troisième.
 
Dernière édition:

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Faut dire aussi qu'ils sont communautaristes, organisés, solidaires! les enfants apprennent à lire et à écrire le turc, ils apprennent aussi le Coran dans leurs mosquées, filles et garçons! même s'ils naissent dans un pays européen....tu les vois sur les fesse de bouk, tweeter and co parler et écrire leur langue, ma fille a des copines turques et ça parle le turc à la maison, dehors avec les parents en turc aussi...

c'est ce que j'ai toujours aimé chez les turcs (en vérité, j'aime bcp de chose chez eux) leur langue maternelle est parlé à la maison! quand ils sont entre eux, ils parlent également en turc!

et je trouve ça bien! ici quand je vois des jeunes marocains et cie parler arabe entre eux, c'est pour insulter une personne qui passe ou se moquer :claque:


le pire se sont les jeunes parents de mnt! ils parlent français entre eux! leurs enfants ne maîtrise rien de l'arabe et au final les enfants de leur enfant ignorons l'arabe complètement
 
A

AncienMembre

Non connecté
Faut dire aussi qu'ils sont communautaristes, organisés, solidaires! les enfants apprennent à lire et à écrire le turc, ils apprennent aussi le Coran dans leurs mosquées, filles et garçons! même s'ils naissent dans un pays européen....tu les vois sur les fesse de bouk, tweeter and co parler et écrire leur langue, ma fille a des copines turques et ça parle le turc à la maison, dehors avec les parents en turc aussi...

oui! j'ai grandis dans un quartier à majorité turc et arabe! je passais plus de temps avec les turcs! j'arrivais à dire des phrases simples (à force d'être avec eux) et à comprendre ce qu'ils disaient dans les grandes lignes!

les mamans de mes copines me parlaient en turc aussi

j'aimais trop être en leur compagnie plus qu'avec les marocaines ou algérienne de mon quartier! parce que je trouvais chez eux la solidarité qu'il n'y avait pas chez nous :(
 

Espiegle69

Evil Halouf
Faut dire aussi qu'ils sont communautaristes, organisés, solidaires! les enfants apprennent à lire et à écrire le turc, ils apprennent aussi le Coran dans leurs mosquées, filles et garçons! même s'ils naissent dans un pays européen....tu les vois sur les fesse de bouk, tweeter and co parler et écrire leur langue, ma fille a des copines turques et ça parle le turc à la maison, dehors avec les parents en turc aussi...

Comme je le disais plus haut cela n'a rien à voir avec le communautarisme mais avec la "puissance culturel" du monde turc. C'est la même chose avec les perses.

Si les langues maghrébines disparaissent en Occident c'est qu'elles ne sont QUE la langue de nos parents, rien de plus et cela ne suffit pas pour survivre dans ce monde globalisé.
 

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Ils sont quand même très communautaristes et endogames à souhait aussi...je bosse avec des turcs, se sont des clients et je vis dans un quartier ou la communauté turque augmente d'une façon très rapide même.... ils ont même réussi à faire partir les maghrébins d'un côté d'une avenue pour y mettre leur propres commerces, bars, kebab, supérette, resto...je ne te parle pas des maisons achetés à bas prix et retapées vite fait...les pros' aussi du ravalement de facade, on leur vend des machines...si la sté est en difficulté alors on ferme et on réouvre avec le nom du cousin qui vient d'arriver...très organisés, des bosseurs et ils se prêtent l'argent entre eux aussi...ça tourne dans la communauté en général pour ceux que je connais...

Comme je le disais plus haut cela n'a rien à voir avec le communautarisme mais avec la "puissance culturel" du monde turc. C'est la même chose avec les perses.

Si les langues maghrébines disparaissent en Occident c'est qu'elles ne sont QUE la langue de nos parents, rien de plus et cela ne suffit pas pour survivre dans ce monde globalisé.
 

pocoloco

Bladinaute averti
L'important, c'est de bien parler et comprendre le français.

La vérité est que les turcs de France, en général, parlent un turc pauvre et faible. Ils font rigoler tout le monde quand ils visitent la terre de leur aïeux.
Sérieux l'arabe en France. Je connais deux dialectes courants dans ce pays: du français adultéré de darija. Ou encore, dans les lieux dans lesquels il y a une forte concentration d'immigrés: du français mélangé avec tous les dialectes du Maghreb.
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
Rien à voir avec le complexe du colonisé mais plutôt avec le fait que le turc est la même langue à l'oral et à l'écrit le tout supporté par une culture (littérature, musique...) très développée.

Rappelez vous que les maghrébins ne parlent pas arabe littéraire à l'oral mais des dialectes arabes ou amazighs assez pauvres en vocabulaire. Les dialectes sont dominants au Maghreb car il suffise pour les choses de la vie courante mais dès qu'un minimum de vocabulaire technique est requis, le français fait son apparition.

On voit bien que dès que des populations maghrébines (ou africaines de manière générale) sont insérées dans un société avec une langue "forte" c'est à dire qui est la même à l'oral et à l'écrit et supporté par une culture abondante comme c'est le cas de la France, l'Allemagne ou les USA, les dialectes maghrébins disparaissent en deux générations car pas assez développés pour réellement faire contrepoids.

Après les indépendances, les élites maghrébines ont essayer de résoudre le problème en promouvant l'arabe littéraire mais force est de constater que plus de 50 ans après les indépendances, la greffe n'a pas pris et l'arabe standard est une langue morte à l'oral au Maghreb.

Montréal est un excellent exemple du processus d'acculturation linguistique chez les maghrébins, la langue dominante de la première génération est le darija ou les dialectes amazighs, pour la seconde c'est le français et l'anglais pour la troisième.


Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis, mais j'attribue ce que tu expliques justement à un complexe du colonisé dont tu décris pour moi les conséquences ... En effet, pourquoi compenser la pauvreté du vocabulaire "dialectal" par des mots français, pourquoi ne pas avoir pris l'initiative de tout simplement puiser dans l'arabe standard ?

Mais je pense quand même que le tableau est moins sombre que tu ne le décris, parce que s'ils n'utilisent malheureusement pas l'arabe standard couramment, ils le comprennent quand même (d'après ce que j'ai constaté, même chez des gens n'étant pas allés à l'école et dont l'arabe n'est même pas la langue maternelle).

Pour les élites maghrébines, je ne sais pas comment ça s'est passé au Maroc, mais en Algérie ce n'était qu'une "arabisation" de façade, complétement sabotée, et le français était même promu dans l'administration. Il s'agissait plus d'embêter les imazighen que de promouvoir l'arabe, tout en détruisant les deux langues (amazigh et arabe) au profit du seul ... français.

Bref, c'est pour toutes ces raisons que je promeus l'abandon progressif du darija au profit de l'arabe standard, et que je commence par m'appliquer à moi-même ce que je prône en apprenant l'arabe ... standard bien sûr.

P.S. Quand je dis "abandonner le darija", je ne parle pas de se mettre à changer de façon de prononcer ou à abandonner nos expressions et les mots typiques (qu'il y'a même en Egypte par exemple), je parle bien du darija qui consiste en un grossier mélange de français et d'arabe, avec une phrase en arabe, une phrase en français, etc.
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
L'important, c'est de bien parler et comprendre le français.

La vérité est que les turcs de France, en général, parlent un turc pauvre et faible. Ils font rigoler tout le monde quand ils visitent la terre de leur aïeux.
Sérieux l'arabe en France. Je connais deux dialectes courants dans ce pays: du français adultéré de darija. Ou encore, dans les lieux dans lesquels il y a une forte concentration d'immigrés: du français mélangé avec tous les dialectes du Maghreb.


Oui, le français, mais il faut absolument étudier et parler l'arabe. De toute manière, avec le retour à l'Islam, beaucoup d'adultes jeunes ou moins jeunes prennent des cours d'arabes et même enfants apprennent l'arabe classique dès leur jeune âge.
 

farid_h

<defunct>
Contributeur
Oui, le français, mais il faut absolument étudier et parler l'arabe. De toute manière, avec le retour à l'Islam, beaucoup d'adultes jeunes ou moins jeunes prennent des cours d'arabes et même enfants apprennent l'arabe classique dès leur jeune âge.
L'Islam a toujours ete le promoteur principal et essentiel de l'arabe. Mais apprendre l'arabe vaut la peine independament de l'Islam. Okay, j'avoue etre biase, car d'origine arabe... :)
 
Haut