"ces terroristes, ils font que nous salir de jour en jour" : les jeunes de molem parlent

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
Quelques extraits d'un très bel article sur les jeunes de Molenbeek qui sont "dégoûtés" par ces attentats terroristes :cool:

Ces terroristes, ils ne font que nous salir de jour en jour»: après les attentats, les jeunes de Molenbeek sont «dégoûtés»

http://m.lavenir.net/cnt/dmf20160325_00801754
Les jeunes de Molenbeek en ont ras le bol que leur avenir soit mis en miettes par les terroristes. «Tristes» et «dégoûtés», ils assurent que «le quartier n’a pas soutenu Salah Abdeslam». Alors que leur quotidien slalome entre contrôle de police et refus d’embauche, ils croient toujours en l’avenir.


«Certains jeunes ne croient pas que c’est Salah parce que la police montre pas sa tête», glisse un kid. Le quartier aurait-il pu couvrir l’homme le plus recherché d’Europe? «Comme il est né ici, peut-être que des gens l’ont aidé. Un ami? Deux amis? Seul lui sait comment ça s’est passé. Mais 99,999% des habitants sont contre les terroristes. Ils ne l’auraient jamais hébergé. Ces attentats, on les condamne. C’est pas notre religion, qui est tolérance et respect. Ces gars, ils ne font que nous salir de jour en jour. Si on veut postuler, ça va jouer contre nous. On peut encore trouver mais ça reste difficile».

Yassir, 19 ans et les mains dans ses cheveux gominés, ne dit pas autre chose. «Ils sont en train de nous niquer le système. Ils ont pas de cerveau. Pour deux ou trois qui s’envoient l’air, toute notre vie est gâchée. Mon père, il s’inquiète pour moi. Il a peur que je prenne le métro. Il veut pas que j’aille dans les mosquées. Elles sont mal vues ici. Alors de la sympathie pour Salah? Non, y en a pas. Les gens étaient sûrs que le gars était pas dans le quartier. Faut arrêter toute cette mascarade»


...

 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
«Alors pourquoi ils partent?», se dépite Marouane. «Ces recruteurs qui traînent, c’est des beaux parleurs. Ils lavent le cerveau des jeunes désorientés, profitent de leur faiblesse. C’est triste. Les terroristes de Zaventem et Maelbeek, c’est des truands, des braqueurs, des dealers. Ils se disent que s’ils meurent, ils iront en enfer. Les recruteurs les prennent par les sentiments, leur prétendent qu’ils peuvent aller au paradis. Mais c’est faux». Yassir: «Parfois, un jeune perd les pédales. Si son père ou sa mère meurt...»
Marouane a-t-il déjà été confronté à ces recruteurs? «Un jour à Gare de l’Ouest, y avait un grand avec une longue barbe. Il venait nous parler 1h30 de la religion. On a bien vite su que c’était un recruteur. Plutôt que d’le frapper, on lui a rasé la barbe. Qu’est-ce qu’on a ri! On l’a jamais revu à Molenbeek».


...



«Eh bougnoule, tu te crois dans la savane?»
«Un jour, je traverse hors du passage pour piétons», raconte Marouane. «Un flic me voit: “ Eh bougnoule, tu te crois dans la savane, ici? ”. Il me manque de respect. Je lui demande: “ Et toi, tu te prends pour mon père? ”». L’altercation dégénère. «Je ne voulais pas que ma mère voie ça. Je lui demande s’il peut me contrôler dans un coin. Mais il a refusé et m’a embarqué. De toute façon, mon casier est vierge».
Marouane raconte aussi comment il s’est fait contrôler alors qu’il marchait en rang avec sa monitrice de la maison de quartier pour aller au cinéma, «comme ça». Ou comment, après avoir craché par terre rue Neuve, il s’est fait «tabasser dans un coin à De Brouckère». Des brimades quotidiennes. «Les policiers en uniformes, ils croient que tout est permis. On les appelle les “ cow-boys ”. On préfère les agents du quartier qui nous connaissent».
À la maison de quartier Heyvaert, ces jeunes semblent aussi avoir une confiance immense en leurs moniteurs. Ça rigole, ça charrie... «Il faut des éducateurs de rue», déplore sagement Marouane. «À Anvers, y en a 15 qui tournent. C’est des musulmans et c’est fait exprès. Ici, c’est ça qui manque».

 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
Et peut-être aussi dans le contexte social. On a souvent dit qu’il n’aide pas les jeunes Molenbeekois de troisième génération à croire en l’avenir. Et qu’il pouvait être un facteur de radicalisation. Marouane modère. «Si c’était le cas, je serais en Syrie avec tous mes copains. Ici, en Belgique, on a tout ce qu’on veut. Tu veux un papier de l’Onem? Tu l’as, que tu t’appelles Mohamed ou Joseph. On peut même bloquer la rue devant la Maison de quartier, pour les fêtes religieuses. C’est trop! Faut voir le monde! Les jeunes accusent le système pour se défendre; ils postulent deux ou trois fois et croient qu’on les refuse parce qu’ils sont de Molenbeek. Mais qui leur a dit de pas s’lever le matin pour sortir ses parents de leur vieille maison?»
 
Haut