Les évènements se précipitent au Moyen-Orient. Si dun côté, le commandement militaire syrien semble tenir le coup après la décapitation partielle dont il a fait lobjet et amorcer une riposte, notamment contre la Turquie, la Jordanie et Israël, ses ennemis ne perdent pas de temps non plus.
En recevant hier le nouveau chef détat-major des forces armées syriennes, le Général Ali Abdallah Ayoub, auquel il a souhaité bonne chance dans laccomplissement de ses missions, le président Al-Assad semble déterminé à se venger des deux exécutants de lattentat qui a coûté la vie à quatre hauts responsables sécuritaires et membres de son cercle fermé: la Turquie et la Jordanie.
Depuis cinq jours, les éléments du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui se battent depuis 1984 contre Ankara sont autorisés à établir des bases opérationnelles en Syrie septentrionale. Au Sud, des soldats syriens habillés en civil ont réussi à sinfiltrer dans des camps de réfugiés syriens en Jordanie et y créer des troubles.
Mais cest avec Israël avec lequel il demeure techniquement en guerre que le gouvernement de Damas entend solder les comptes en cas de dérapage de la situation. Près de 500 soldats syriens et une trentaine de véhicules blindés ont franchi la semaine dernière la zone démilitarisée au Golan près du village syrien de Jubata à la poursuite de fuyards de larmée syrienne libre (ASL) et de combattants salafistes de plusieurs nationalités voulant se réfugier en Israël. Cest la première fois que des militaires syriens pénètrent dans la zone de séparation mise en place par lAccord signé en 1974 sur la séparation des forces des deux pays après la guerre doctobre 1973.
Les unités israéliennes qui ont reçu lordre de tirer sur tout convoi se dirigeant de la Syrie vers le Liban par crainte dune livraison darmes au Hezbollah nont pas bougé.
Cependant, Israël a déposé plainte auprès de lOrganisation des Nations Unies en qualifiant cet incident de particulièrement grave. Cette initiative constitue un message très clair que nous adressons par lintermédiaire de lONU à ceux qui contrôlent encore la Syrie, a déclaré un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Lior Ben Dor.
La région dans laquelle ont pénétré les militaires syriens, appuyés par des blindés a été occupée par Israël durant la guerre doctobre 1973 avant dêtre annexée en 1981.
Pour Tel-Aviv, lintrusion des soldats syriens dans cette zone constitue une violation flagrante de laccord de 1974 et pourrait avoir dimportantes implications pour la sécurité et la stabilité de la région. Linquiétude est grande en Israël.
Même si les américains font tout leur possible pour écarter lIran de léquation syrienne en déployant une impressionnante armada (quatre portes-avions et leurs groupes de bataille) autour de ce pays, Israël aura à affronter seul le Hezbollah au Liban-Sud en cas dune intervention militaire étrangère en Syrie.
Ce nest pas pour rien quIsraël vient de mettre lensemble de ses unités stationnées dans le Nord en état dalerte; les permissions des soldats et des officiers sont supprimées jusquà nouvel ordre.
Des observateurs estiment que la multiplication de submersibles non-identifiés au large de la Syrie et du Liban nest pas étrangère à la mobilisation de lensemble des armées de la région en vue dune guerre régionale majeure.