Deux responsables d'un syndicat proche de Jean-Michel Blanquer condamnés pour avoir dilapidé des fonds publics

L'affaire, révélée dans la presse en 2020, avait provoqué un tollé. Deux responsables du syndicat Avenir lycéen, créé pour soutenir les réformes de l'ex-ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et accusé d'avoir dilapidé des subventions publiques, ont été condamnés, ce vendredi 22 décembre, à huit mois de prison avec sursis.

Ce syndicat lycéen, créé en 2018
pour soutenir la réforme du baccalauréat de l'ex-ministre, avait reçu du ministère une subvention de 65.000 euros, dont 43.000 euros pour organiser un congrès fondateur. Mais une enquête de Mediapart révélait en novembre 2020 que les responsables du syndicat avaient dépensé en quelques mois 80% de la subvention en notes de frais dans des restaurants gastronomiques, des hôtels cinq étoiles ou pour l'achat de montres connectées. Quant au congrès fondateur, il n'a jamais eu lieu.

Amende et peine d'éligibilité de trois ans​

L'État, qui s'est constitué partie civile, demande le remboursement des 65.000 euros de subventions, une demande qui sera examinée séparément en septembre 2024. Les deux responsables, - le co-fondateur et le trésorier du syndicat -, ont par ailleurs été condamnés à 5.000 euros d'amende avec sursis et à une peine d'éligibilité de trois ans. Les juges n'ont pas retenu l'interdiction d'entrée dans la fonction publique que le parquet avait requise.

Pour le quotidien Libération, qui avait lui aussi publié une enquête fouillée, l'idée de créer ce syndicat avait "germé rue de Grenelle, dans l'entourage proche de Jean-Michel Blanquer, pour servir la communication du ministre, et surtout rompre tout dialogue avec les autres syndicats lycéens" opposés à ses réformes, notamment celle du bac qui avait donné lieu à des mobilisations en 2018.

Libération affirmait également que le numéro 2 du ministère à l'époque, Jean-Marc Huart, était étroitement lié aux responsables d'Avenir lycéen et que des rectorats participaient à l'écriture de communiqués du syndicat.

Les responsables envisagent de faire appel​

L'affaire avait provoqué un tollé dans l'opposition et auprès des syndicats lycéens ou enseignants. Des élus LFI et communistes avaient réclamé une commission d'enquête parlementaire.

La présidente de l'association, mineure au moment des faits, a été condamnée en octobre par un tribunal pour enfants pour les mêmes faits. L'avocat d'un des deux responsables, Me Ariel Goldman, a indiqué à l'AFP ne pas exclure de faire appel de la décision.
 
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