Discrimination à l’embauche : petit, gros, ou physique disgracieux et alors ?

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Il y a aussi ceux qui sont âgés .
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Quand on postule à un emploi en France, mieux vaut s’appeler François que Mohammed. Toutes les études réalisées sur le sujet le démontrent. Mais, au travail, il n’y a pas que la discrimination ethnique. Une autre discrimination reste négligée, pourtant déterminante dans l’univers professionnel et pénalement réprimée depuis 2001 : celle liée aux critères physiques, la taille, le poids, l’habillement.

Peu de cas ont défrayé la chronique, à part celui de l’entreprise américaine Abercrombie & Fitch, en 2015, qui ne recrutaient que des salariés jeunes, beaux et musclés. Le problème est pourtant prégnant. « Le nombre de victimes potentielles est énorme. Malgré cela, on considère trop souvent que c’est normal, que ça fait partie de la société », dénonce le sociologue Jean-François Amadieu, responsable de l’observatoire de la discrimination et auteur d’un livre sur le sujet*.

« Une société de consommation où l’image compte plus que tout »
Parmi la horde de ces victimes du quotidien, deux catégories de population sont visées, d’après le baromètre réalisé par l’organisation internationale du travail (OIT) sur le sujet : les femmes de forte corpulence et les hommes de petite taille.

« Nous vivons dans une société de consommation basée sur le paraître où l’image compte plus que tout, d’autant plus dans certains métiers de représentation ou d’accueil où vous véhiculez l’image de l’entreprise », résume Slimane Laoufi, chef du pôle discrimination au sein du Défenseur des droits. « Certains secteurs, comme celui des hôtesses d’accueil, la communication et le luxe sont particulièrement dans le viseur », précise-t-il.

Un manque de données chiffrées sur ce phénomène
Le saviez-vous ? Une femme maquillée aura davantage de chances, par exemple, d’être embauchée qu’une femme sans fond de teint ni rimmel. « Elle est jugée moins performante », tranche Jean-François Amadieu, qui a réalisé depuis 2004 des armadas de testings et des envois de faux CV aux entreprises pour mettre en lumière ces discriminations.

Car c’est là que le bât blesse. Difficile d’obtenir des données statistiques fiables sur le sujet. « Pour cela il faudrait que les pouvoirs publics décident de traiter ce sujet plus sérieusement, en ne se focalisant pas uniquement sur les problèmes d’origine ethnique », poursuit le chercheur.

Sous Pétain, impossible d’être instituteur si on mesurait moins d’un mètre 40
Les mentalités, pourtant, évoluent. « Certaines stars, certaines femmes, comme celle du collectif Gras politique, prennent de plus en plus la parole sur le sujet », explique Jean-François Amadieu. Et les temps changent. « Sous le maréchal Pétain, des professions, comme celle d’instituteur, étaient interdites aux personnes qui mesuraient moins d’un mètre 40, rappelle Patrick Petitjean, membre de l’association des personnes de petite taille (APPT). On ne représentait pas suffisamment le pouvoir aux yeux des enfants ».

* La société du paraître : les jeunes, les beaux, et les autres
 
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