Un article très intéressant sur le sujet, publié par le Quotidien d'Oran et relayé par Oumma.com.
Première partie : pourquoi la présence de ces drapeaux est justifiée quand ils sont brandis par certains :
C’était à prévoir... La présence de nombreux drapeaux arabes sur la place de la Bastille au soir de l’élection de François Hollande a provoqué une flopée de commentaires négatifs. Dès le lendemain, la droite et l’extrême-droite ont dénoncé des manifestations communautaristes et en ont profité pour faire le lien entre ces emblèmes et le projet de François Hollande d’accorder le droit de vote aux étrangers non-communautaires (pour les élections municipales).
On peut d’ores et déjà parier que ce thème polémique du drapeau étranger, surtout, arabe, ou plus encore maghrébin, ou, soyons plus directs, algérien, va peser sur la campagne pour les élections législatives des 10 et 17 juin prochains.
Commençons par une première mise au point. Ce n’est pas la première fois que des drapeaux maghrébins sont agités au soir d’une élection présidentielle française. En 2002, après la victoire de Jacques Chirac contre Le Pen père, il y en avait déjà des dizaines place de la Bastille. Souvenons-nous du visage effaré (révulsé ?) de la Bernadette debout sur scène avec son mari face à la vague de drapeaux vert, rouge et blanc (lesquels semblaient plus fêter la défaite du leader du Front national que la victoire de Chirac).
Pour mémoire, c’est la présence de ces drapeaux qui avait alors dissuadé Nicolas Sarkozy de faire son apparition sur cette même place en 2002... Pour autant, il n’avait pu empêcher qu’ils soient de nouveau présents en 2007 sur la place de la Concorde (il faut tout de même reconnaître qu’ils étaient bien moins nombreux que le soir du 6 mai).
Ajoutons une deuxième précision. Ce phénomène de la présence de drapeaux maghrébins ne concerne pas uniquement la France et sa vie politique. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder à la télévision un match de football ou toute autre compétition sportive, curling compris, en n’importe quel point du globe. Que l’on soit en Catalogne, en Australie ou aux confins de l’Argentine, il y aura toujours un Algérien ou un Marocain qui se débrouillera pour placer le drapeau de son pays face aux caméras.
Au Maghreb et dans le reste du monde arabe, quand il s’agit de sport, ce type de spectacle fait dire, avec amusement et un brin de satisfaction, que « nous sommes partout ». A l’inverse, il est certain que voir flotter un drapeau mauritanien ou algérien à côté d’un poster de François Hollande en a déconcerté plus d’un de Rabat à Mascate.
Il y a plusieurs explications à la présence de ces drapeaux place de la Bastille. On peut estimer que c’est l’expression d’une revanche contre la présidence de Sarkozy et contre ses discours stigmatisant les gens d’origine arabe ou « d’apparence musulmane ». On peut aussi penser, comme l’a dit un commentateur d’Al-Jazeera, que François Hollande est jugé moins proche d’Israël et des Etats-Unis que le candidat de la droite.