Ce qui me frappe quand je regarde, ou plutôt quand j’écoute la vidéo montrant l’expulsion d’Alain Finkielkraut place de la République à Paris, c’est qu’en fin de compte, les deux camps s’opposent sur le même mode contradictoire. Les citoyens de Nuit debout, quand ils vocifèrent des injures, «saloperie», «dégage», «ordure», «facho», etc. sont en évidente contradiction avec l’élan démocratique censé porter cette agora ouverte à tous, et leurs cris hargneux lui font violence et le dénaturent.
Mais que penser du philosophe, fraîchement émoulu de l’Académie française, formé à l’exercice de la raison et déplorant à tout-va la perte de la nuance, de la parole et de l’intelligence, que penser lorsqu’on le voit, le visage déformé par la haine, hurler «pauvre *****» à une femme inconnue et répéter «des coups de latte» avec un mépris hystérique ? N’est-il pas, à l’égal des autres, celui qui fait le contraire de ce qu’il prétend défendre ? On s’attend toujours à ce que les gens incarnent littéralement les valeurs qu’ils soutiennent, et sans doute plus encore de la part d’intellectuels supposés calquer leur existence sur leur discours. Or, c’est l’inverse qui se produit, on dirait que, philosophe ou non, vient toujours un moment où l’on est exactement ce qu’on dénonce.
François Noudelmann, dans un livre passionnant intitulé le Génie du mensonge (1), analyse cette distorsion entre théorie et pratique. L’exemple le plus fameux est celui de Jean-Jacques Rousseau qui, coupable d’abandon envers ses enfants, écrivit l’Emile, un traité d’éducation ultra-pédagogique. Ou de Simone de Beauvoir qui, au moment même où elle rédigeait ce grand manifeste du féminisme qu’est le Deuxième Sexe, se complaisait dans une relation soumise, quasi servile, avec son amant Nelson Algren.
De l’extérieur, c’est un peu difficile à comprendre, tant on voudrait que les idées et les actes se répondent (entre parenthèses, mutatis mutandis, si les féministes américaines ne votent pas pour Hillary Clinton, c’est parce qu’elles voient dans son «pardon» à un mari adultère et parjure la preuve évidente de son inauthenticité idéologique. Qu’en aurait dit Simone ?).
Mais que penser du philosophe, fraîchement émoulu de l’Académie française, formé à l’exercice de la raison et déplorant à tout-va la perte de la nuance, de la parole et de l’intelligence, que penser lorsqu’on le voit, le visage déformé par la haine, hurler «pauvre *****» à une femme inconnue et répéter «des coups de latte» avec un mépris hystérique ? N’est-il pas, à l’égal des autres, celui qui fait le contraire de ce qu’il prétend défendre ? On s’attend toujours à ce que les gens incarnent littéralement les valeurs qu’ils soutiennent, et sans doute plus encore de la part d’intellectuels supposés calquer leur existence sur leur discours. Or, c’est l’inverse qui se produit, on dirait que, philosophe ou non, vient toujours un moment où l’on est exactement ce qu’on dénonce.
François Noudelmann, dans un livre passionnant intitulé le Génie du mensonge (1), analyse cette distorsion entre théorie et pratique. L’exemple le plus fameux est celui de Jean-Jacques Rousseau qui, coupable d’abandon envers ses enfants, écrivit l’Emile, un traité d’éducation ultra-pédagogique. Ou de Simone de Beauvoir qui, au moment même où elle rédigeait ce grand manifeste du féminisme qu’est le Deuxième Sexe, se complaisait dans une relation soumise, quasi servile, avec son amant Nelson Algren.
De l’extérieur, c’est un peu difficile à comprendre, tant on voudrait que les idées et les actes se répondent (entre parenthèses, mutatis mutandis, si les féministes américaines ne votent pas pour Hillary Clinton, c’est parce qu’elles voient dans son «pardon» à un mari adultère et parjure la preuve évidente de son inauthenticité idéologique. Qu’en aurait dit Simone ?).