Festival méditerranéen de la culture amazighe de Tanger

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Tayri nem tuder g-ul inu
du 23 au 26 juillet, se tiendra la 5e édition du festival méditerranéenne de la culture amazigh de Tanger (FMCAT) sous le thème : la langue : refuge de l’être. Un hommage sera rendu à la mémoire de l’écrivain Mohamed Choukri.


C’est la quatrième fois consécutive que le FMCAT rend hommage à Mohamed Choukri. « Cet écrivain a souffert pendant des années de l’oubli. C’est, donc, une aubaine de restituer sa mémoire à travers une exposition de ses œuvres et une rencontre autour de son expérience littéraire», nous a indiqué le directeur du festival Abdelmounim El Barri.
Interviendront lors de cette rencontre le poète Mohammed Bennis, l’écrivain Hassan Najmi, Saïd Akoudad et Ibrahim Elkhatib. Elle sera suivie d’une projection d’un documentaire sur «les visages dans la vie de Mohammed Choukri»

«Pain nu» ressuscité

«Je suis un resquilleur de destin» disait Arthur Goldschmift. Cela s’applique sur le cas de Mohamed Choukri, écrivain arabophone né dans la misère. Défiant le dénuement, il s’est frayé son chemin avec beaucoup de bravoure. C’est à l’âge de 20 ans qu’il a appris à lire et à écrire l’arabe. Il a rencontré des écrivains de renommée notamment Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams qui lui ont permis d’aiguiser son expérience de laquelle il a accouché d’un chef-d’œuvre «Pain nu» dont les tentacules ont dépassé les frontières nationales, traduit en anglais par Paul Bowles et en français par Tahar Benjelloun.
Taxé de scandaleux et d’atteinte aux mœurs, ce roman a souffert de la censure en 1983. C’est jusqu’à une date récente (2000), qu’il réapparaîtra au Maroc.
Cet aspect cru mais dénonciateur d’une réalité pénible et amère a caractérisé la littérature de Moahmed Choukri
«Je me suis aperçu que l’écriture pouvait aussi s’avérer une manière de dénoncer, de protester contre ceux qui m’avaient volé mon enfance, mon adolescence et une partie de ma jeunesse. C’est à ce moment seulement que mon écriture est devenue engagée». Et puisque le pain des gens est politisé, écrire pour en parler ne saurait qu’être un engagement «politisé». Selon l’écrivain, «l’écriture est un pouvoir qui n’est pas extravagant», disait-il

Mohamed Arkoun en conférence


Au programme figure également des débats et conférences autour des thématiques variées. Il sera, entre autres, question du « dialogue culturel », des « prémisses de l’histoire du Maroc ». L’occasion aussi de se pencher sur un autre sujet et non des moindres, en l’occurrence, « L’islamisation et l’arabisation des berbères du Nord d’Afrique ».
En tête d’affiche également, une conférence animée par l’historien et philosophe Mohamed Arkoun autour des «réflexions sur la place de l’Afrique du Nord/ Maghreb dans l’espace géo-historique méditerranéen ».
Cette édition sera, de surcroît, marquée par l’intégration de la thématique de l’immigration à travers une exposition intitulée « Présence et Mémoire : Histoire des marocains au Pays-Bas » organisée en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Un colloque portant sur le thème de la migration et l’échange culture sera, par ailleurs au rendez-vous.
Au menu aussi, des lectures poétiques amazigh avec la participation d’un parterre de poètes notamment Farid Touzarine, Abdellah El Manchouri, Mohamed Asuik, Sa?d Abernouss et Mohamed Achkouk
La musique n’est pas en reste. Des soirées artistiques investiront les scènes de la ville de Tanger. Elles seront animées par les groupes folkloriques du rif, de Abdelmalek Alandaloussi, et de Massinissa.
Le festival méditerranée de la culture amazighe de Tanger sera organisé pour la première fois sous la houlette de la fondation créée récemment afin de doter cette manifestation culturelle d’une nouvelle stratégie de promotion culturelle.

Soumia Yahia/ ALBAYAN.MA
 
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