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Les baskets pour courir dun pied léger
Source :Management
22/11/2012 à 16:20 /
Retrouver les sensations originelles de la course pieds nus, cest la quête des joggeurs "minimalistes". Nous les avons suivis.
Quand Abebe Bikila, un Ethiopien de 28 ans, a remporté en 1960 le marathon des jeux Olympiques de Rome, pieds nus
sur les pavés, une légende est née. Mais il a fallu attendre cinquante ans pour quon songe sérieusement à limiter.
La mode actuelle du running «barefoot» (pieds nus) ou minimaliste (avec des semelles fines) vient dun best-seller paru
en 2009 aux Etats-Unis : «Born to Run». Lauteur, Christopher McDougall, y raconte comment il fut privé de sa passion
du jogging par des blessures à répétition. Et comment il eut une
révélation au Mexique au contact des Indiens Tarahumaras,
une tribu dont tous les membres, même les plus âgés, sont capables de courir sur de très longues distances chaussés de
simples sandales de cuir.
Posture nouvelle. Des milliers de joggeurs américains ont suivi son exemple et remisé leurs chaussures aux talons amortissants.
Ce courant a gagné la France, où de nombreux adeptes sefforcent aujourdhui de retrouver la foulée de leurs ancêtres.
Courir sans amorti oblige à modifier ses habitudes. «Le tibia est vertical, le genou plié, le buste penché à 10 ou 15 degrés.
Le regard est droit, la cage thoracique dégagée et les épaules en arrière», détaille David Leurion, podologue du sport.
Foulée naturelle. Plus question dattaquer le sol avec le talon, puis de dérouler le pied en comptant sur la semelle pour
amortir limpact. Le coureur atterrit sur les métatarses, à lavant du pied.
Les capitons plantaires (sous les orteils), les chevilles et les genoux amortissent naturellement les chocs.
Le talon nintervient pas dans le mouvement : on ne le pose quasiment pas.
Effet "lift and kiss". Les foulées en chaussures minimalistes sont plus courtes, de la même amplitude que lors de la marche,
donc plus dynamiques. On pose le pied et on le lève, comme sur des charbons ardents.
Jason Robillard, fondateur de la Barefoot Running University, aux Etats-Unis, parle de «lift and kiss» (lever et effleurer).
Ce mouvement procure une sensation de liberté, qui nest pas sans rappeler lenfance. «Ma foulée est plus légère,
apprécie Philippe, 44 ans, un joggeur lyonnais converti au minimalisme depuis un an. Je ne cours pas plus vite,
mais jai gagné en endurance car je fais moins defforts quavec des chaussures classiques.»
Muscles inconnus. Le running minimaliste serait-il plus bénéfique que la course ordinaire ? Les médecins du sport
sont partagés et les études manquent. «Ce qui est sûr, souligne David Leurion, cest quen modifiant radicalement la foulée,
cette discipline fait travailler des muscles des pieds et des jambes rarement sollicités :
le long fléchisseur de lhallux, le tibia postérieur, labducteur du gros orteil et le muscle soléaire, à larrière du mollet.»
Prendre son temps. Les pieds nus ou chaussés de semelles assez fines pour garder toute leur sensibilité, on court
en pleine conscience du terrain. Mais le running minimaliste nest pas sans danger.
«Je constate souvent des fractures de fatigue sur des coureurs enthousiastes qui ne prennent pas le temps de
sadapter à cette foulée particulière», déplore David Leurion. Courir léger, oui, mais à condition de ne pas brûler les étapes..../...