Voici 5 affaires qui ont « testé » la proposition de Geoffroy Didier :
* 1/ En janvier 2015, Ahmed, âgé de 8 ans, est interrogé par son directeur d’école pour savoir s’il « est Charlie ? ». Quand l’enfant, dans la binarité du discours ambiant, répondra que « non il n’est pas Charlie » et que par conséquent « il est avec les terroristes », il sera enmené manu militari au commissariat pour "apologie du terrorisme ". Au cours de l’audition, il n’a même pas su dire ce que « terrorisme » signifiait. Il garde aujourd’hui un souvenir indélébile du traitement qu’il a subi.
* 2/ Sarah* et Hajer*, toutes deux étudiantes et de confession musulmane, sont convoquées après les attentats du 6, 7 et 8 janvier 2015 au bureau du directeur de la faculté pour connaitre leur opinion « sur les attentats de Charlie Hebdo ». Aucune découverte en matière de radicalisation n’a été faite au cours de cet entretien, si ce n’est que les deux étudiantes se sont senties humiliées.
* 3/ Kahina*, scolarisée en sixième, est convoquée par l’assistante sociale de l’école pour avoir porté une « jupe longue ». Au cours de l’entretien, l’assistante sociale lui posera tour à tour des questions, dans l’effort de détecter le degré de pratique religieuse de l’élève : « Tu te réveilles à quelle heure ? », « tu n’achètes pas de jean ? », « tu manges où ? ». La jeune fille et la famille se sont senties discriminées par un tel interrogatoire, cherchant à révéler et à problématiser leur pratique religieuse.
* 4/ Lorsque le recteur de l’Académie de Poitiers avait envoyé un document Powerpoint aux établissements scolaires reprenant les critères censés « démasquer » le musulman « radicalisé », cela a juste eu pour effet d’accroître le sentiment de stigmatisation des citoyens de confession musulmane.
* 5/ Juin 2016, la principale d’un collège d’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine impose à deux surveillants de déposer leur démission, s’ils ne veulent pas qu’elle les signale à la préfecture pour « radicalisation ». Leur tort ? S'être exprimés en langue arabe.
Aucun aspirant terroriste n’aurait été « détecté » grâce à un signalement de radicalisation opéré au sein de l’école. En revanche, nous pouvons craindre que les expériences de discrimination et de rejet vécues par des enfants, les amènent à développer un sentiment de méfiance envers les institutions censées les accompagner dans leur parcours citoyen.
En réalité, les établissements scolaires disposent déjà de dispositifs pour alerter les autorités compétentes en cas de comportement déviant d’un élève, quelles qu’en soient les raisons.
A part accroître les chances de Geoffroy Didier d’augmenter sa notoriété et d’humilier inutilement des enfants et leur famille, cette proposition est donc parfaitement inutile.
ccif