Il y a 40 ans, le submersible alvin découvrait une vie incroyable au fond des mers

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Lentement, le submersible américain Alvin s'enfonce dans l'océan. La mer est calme, ce matin du 17 février 1977, au large des îles Galápagos. A bord, les géologues Jack Corliss et Tjeerd van Andel prennent leur mal en patience tandis que Jack Donnelly, le pilote, les mène, après une heure et demie de descente, à 2 700 m de profondeur. Là, sur le sol larvaire baigné d'une nuit glaciale, une découverte géologique majeure les attend. Les capteurs de l'Alvin confirment en effet ce qu'ils avaient mesuré depuis la surface : la température de l'eau, jusque-là figée à environ 2 °C, grimpe d'un coup à 8 °C. A quelques mètres, s'échappant des fissures qui lézardent la lave figée, une eau chargée de manganèse bleu insuffle dans ces profondeurs désolées une chaleur providentielle. L'expédition vient de découvrir une source hydrothermale... Mais la plus grande surprise reste à venir.

Un vrai "jardin d'Eden"

"Est-ce que l'océan profond n'est pas supposé être comme un désert ? Eh bien, il y a plein d'animaux par ici..." annonce, stupéfait, Corliss au téléphone acoustique. Des mollusques blancs, des crabes, des poulpes mauves... Sur un rayon de 50 m autour du geyser, la vie foisonne. Plus loin, des animaux orange ont des allures de pissenlits, et ailleurs encore, là où le thermomètre affiche 17 °C, ce sont des tubes blancs de 50 cm couverts d'un chapeau rouge (en photo : les vers tubicoles) qui ondulent comme un champ de fleurs. Les chercheurs surnommeront cette prairie le "jardin d'Eden".

L'idée que ces sources puissent être entourées d'une vie grouillante n'avait effleuré personne : l'expédition ne comprend aucun biologiste et rien n'est prévu pour conserver les échantillons animaux. Certains seront stockés dans de la vodka russe achetée au Panama !

En revanche, qu'il y ait des sources chaudes dans les grands fonds, les océanographes s'en doutaient depuis des années. Le long des 60 000 km de dorsales qui sillonnent les océans, ces grandes balafres que crée l'écartement progressif des plaques tectoniques, de la lave remonte, fabriquant de la croûte océanique. Il était donc logique d'imaginer que devaient aussi s'y manifester des remontées locales d'eau chaude.

Français et Américains se lancent dans la quête

Ainsi, l'idée est lancée six ans plus tôt d'une exploration humaine des fonds marins. C'est le Français Xavier Le Pichon, du Centre national pour l'exploration des océans, qui propose le premier d'organiser avec l'Américain Robert Ballard une expédition autour d'une dorsale. Ils tentent l'aventure en 1974 avec un bathyscaphe de 200 tonnes, l'Archimède, et d'un plus petit submersible baptisé Cyana.

Les Etats-Unis, de leur côté, emploient la même année le sous-marin de la Navy de 15 tonnes, l'Alvin. Sa sphère d'acier a été remplacée en 1973 par du titane, qui supporte une pression deux fois plus forte, portant sa capacité à 3 600 m de profondeur.

Cinq ans après que Neil Armstrong eut posé le pied sur la Lune, l'homme conquiert un premier univers. Mais ces premières explorations ne parviennent pas à trouver de sources chaudes océaniques. Où se cachent-elles ?

Les océanographes américains se tournent alors vers le rift des Galápagos où de légères anomalies de température ont été repérées. Bingo : les sources s'y trouvent par 2700 m de fond, comme ils le découvriront ce 17 février 1977. Et elles sont foisonnantes de vie !

Les "fumeurs noirs" sont peut-être le berceau de la vie sur Terre

Comment ces animaux des grands fonds se nourrissent-ils sans lumière ? L'odeur d'œuf pourri fournit un indice : les micro-organismes utilisent le sulfure d'hydrogène présent ici comme source d'énergie chimique pour fixer le carbone du gaz carbonique dissout. Avant de servir eux-mêmes de pâture aux organismes supérieurs.

Deux ans plus tard, une nouvelle expédition permettra aux biologistes d'étudier une faune exotique unique : anémones, moules, bulots, homards, escargots, étoiles de mer, crabes... et même un ver tubicole de près de 2,50 m, sans bouche ni intestin.

Mais le paysage le plus emblématique est révélé par l'Alvin le 21 avril 1979 : une aiguille rocheuse de 2 m de hauteur déverse des fluides noirâtres comme une cheminée de locomotive à vapeur ; cassée, c'est un épais nuage de fumée noire qui s'en échappe. D'où le surnom de ces cheminées des profondeurs : fumeurs noirs.

Les métaux qu'ils hébergent intéressent les industriels

A une telle température, qui grimpe jusqu'à 350 °C, les métaux de la croûte océanique se dissolvent dans les fluides hydrothermaux et précipitent ensuite au contact de l'eau froide riche en oxygène, donnant ainsi l'illusion d'une fumée noire.

. La conquête des abysses ne fait que commencer.

http://www.science-et-vie.com/artic...rait-une-vie-incroyable-au-fond-des-mers-7760
 
La conquête des abysses ne fait que commencer ? sauf que le 23 janvier 1960 il y a donc plus de 50 ans,
Jacques Piccard et Don Walsh posent à bord du Trieste, le bathyscaphe conçu par Auguste Piccard, au lieu-dit Deep Challenger, au fond de la fosse des Mariannes, dans l'océan Pacifique, l'endroit connu comme le lieu le plus profond du monde et rares sont ceux qui pensent y trouver quelque chose d'intéressant. Mais les deux hommes voient et filment l'impensable : des crevettes et un poisson.
Les instruments indiquent alors 11.521 mètres mais des mesures ultérieures ramèneront la profondeur atteinte à 10.916 mètres.
Il n'existe en effet aujourd'hui aucun submersible habitable capable d'égaler la prouesse de cet engin construit en 1954.
 
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