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“Ils n’ont qu’à ramer”. Ce yacht d’un oligarque russe auquel personne ne veut faire le plein
Aujourd'hui, 10h06Proche de Vladimir Poutine, le propriétaire du Ragnar n’est pas visé par les sanctions occidentales depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Mais aucun ravitailleur n’accepte de lui vendre le carburant qui permettrait au bateau de quitter le port où il est stationné dans le nord de la Norvège.
Le yacht fait 68 mètres et il comprend “une salle de gym, un spa, une piscine, une zone d’atterrissage pour hélicoptère, plusieurs solariums, ainsi qu’un garage contenant des motoneiges, des jets skis, du matériel de ski et des snowboards”, détaille The Guardian. Mais pour le moment, le Ragnar est surtout coincé dans le nord de la Norvège, dans un port du nom de Narvik.
Le propriétaire de l’embarcation de luxe, Vladimir Strjalkovski, est “une vieille connaissance de Vladimir Poutine”, explique le quotidien britannique. Ancien du KGB (comme le président russe), il a occupé il y a une quinzaine d’années le poste de PDG du groupe minier russe Norilsk Nickel, avant de céder son siège moyennant une indemnité qui se serait élevée à 100 millions de dollars (environ 90 millions d’euros).
Strjalkovski “a aussi, un temps, été sous-secrétaire à l’économie dans le gouvernement russe et il siège actuellement au conseil d’administration du club de foot Dynamo Moscou”. Pour autant, il ne figure à ce jour sur aucune des listes de sanctions édictées par les Occidentaux en riposte à l’invasion de l’Ukraine.
Pourquoi, dès lors, son yacht est-il coincé avec ses seize membres d’équipage à Narvik ? En raison du “refus obstiné des [ravitailleurs] locaux de lui vendre du carburant”, rapporte The Guardian qui constate :
Les habitants ont décrété que le méga-yacht n’était pas le bienvenu et ils ont décidé de régler eux-mêmes le problème […] en demandant aux autorités norvégiennes de le saisir”.
Interpellées par plusieurs élus et dirigeants d’entreprises locales, ces dernières font valoir que la saisie serait illégale en l’état. Mais les ravitailleurs semblent décidés à poursuivre le bras de fer. Interrogé par le quotidien, Sven Holmlund, à la tête de l’entreprise Holmlund Oil Supplies, déclare ainsi : “Le comportement de la Russie en Ukraine me laisse sans voix. Pourquoi est-ce que je les aiderai [en ravitaillant le Ragnar] ? Ils n’ont qu’à ramer ou hisser les voiles pour rentrer chez eux”.
Une attitude que dénonce le capitaine du yacht, Rob Lankester, “qui se présente comme un ancien de la marine britannique”. Ainsi qu’il l’a fait valoir dans une plainte adressée aux dirigeants du pays, la situation constitue une “discrimination”, aucune sanction n’ayant été décrétée contre le propriétaire du navire et aucun des membres d’équipage n’étant russes. La situation lui semble d’autant plus injuste que le yacht (qui se loue pour 40 000 dollars la semaine) ne bat pas pavillon russe, mais maltais.
“Mais personne ne nous écoute”, a-t-il déclaré au Guardian, ajoutant que lui et son équipage souhaitent “simplement rentrer chez [eux]”.
Source The Guardian
