Inquiète pour sa sécurité, la suède rétablit le service militaire obligatoire

madalena

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Le conseil des ministres suédois a voté le 2 mars dernier un décret qui acte du rétablissement du service militaire obligatoire dès l’été prochain. Obligation à laquelle le pays avait pourtant mis un terme, il y a tout juste 7 ans, par souci de professionnalisation de son armée. Pour Stockholm, préoccupée par la multiplications des opérations militaires russes dans son voisinage, il s’agit aujourd’hui de faire face à une nouvelle situation sécuritaire qui serait en sa défaveur, et de combler un manque d’effectifs dans ses rangs.

« Nous avons vu que les unités n’arrivaient pas à être remplies sur la base du volontariat. Il fallait prendre une décision pour compléter le système, c’est pour cela que nous réactivons la conscription », a expliqué le ministre de la Défense Peter Hultqvist à l’AFP. La conscription obligatoire concernera, à partir du 1er juillet, tous les Suédois nés après 1999, soit environ 13 000 personnes, mais une sélection par étapes (questionnaire, tests physiques et psychologiques), restreindra finalement le nombre de jeunes hommes et femmes réellement mobilisés à 4 000 personnes. Leur service doit durer 11 mois. Cette décision a été aussi bien soutenue par le gouvernement de gauche, que par l’opposition de centre-droit, mais aussi par une opinion publique qui y était favorable à 70% en janvier 2016. Un consensus qui s’explique par une analyse commune des enjeux sécuritaires régionaux.

Militarisation croissante

“Nous sommes dans un contexte dans lequel la Russie a annexé la Crimée (...) et fait plus d’exercices dans notre voisinage proche”, a justifié le ministre de la Défense suédois. D’après un rapport du Centre d’analyse des politiques européennes (Cepa), un centre de réflexion américain, la Russie aurait entraîné 33 000 militaires à envahir des sites étrangers de la Mer Baltique, y compris Gotland, la plus grande île de l’archipel suédois, située à l’est du pays.

Exempte de conflit militaire dans ses frontières depuis plus de deux siècles, la Suède cherche donc, face aux opérations militaires russes croissantes dans la région, à augmenter ses propres capacités. En 2015, le pays avait déjà annoncé vouloir augmenter de 1,1 milliard d’euros, sur cinq ans, le budget de la défense, qui atteint désormais 4,7 milliards d’euros par an, soit 1 % du PIB du pays.

Pour Barbara Kunz, spécialiste des politiques de sécurité de la Suède à l’Institut français des relations internationales (Ifri), il y a bien une évolution de la politique de défense suédoise face à une Russie perçue comme une “menace”. « Après la guerre en Géorgie en 2008, il y avait déjà eu un changement, mais c’est en 2015, dans le livre blanc de la Défense qui a suivi l’annexion de la Crimée, que plusieurs décisions ont été prises dont celle de remettre l’accent sur la sécurité territoriale de la Suède dans son environnement proche.

Depuis la fin de la Guerre froide, c’était seulement des opérations de gestion de crise. C’est donc en 2015 qu’ils ont, entre autres, décidé de remettre une présence militaire à Gotland [inactive depuis 10 ans] et de commander un rapport officiel pour chercher les solutions au manque d’effectifs dans leurs armées”, indique la spécialiste. Mais la Suède est loin d’être la Crimée car “le scénario redouté n’est pas celui d’une invasion russe en Suède. Nous n’en sommes pas là, c’est plus une crainte de déstabilisation de l’ensemble de la région”, nuance-t-elle.

Une relation toujours plus étroite avec l’Otan

D’aucuns en Europe, envisagent jusqu’à une adhésion de la Suède à l’Otan pour renforcer la sécurité régionale. Six pays de la mer Baltique sont déjà membres de l’Otan, et la Finlande a manifesté à plusieurs reprises sa tentation de rejoindre l’alliance atlantique. Mais pour Barbara Kunz, cette idée ne serait absolument pas à l’ordre du jour en Suède. “Le parti social démocrate qui est au pouvoir exclut fermement l’adhésion à l’Otan.

De plus, en Suède, la question de l’Otan est vraiment une question idéologique et d’identité nationale. Il y a l’idée de nécessité d’être neutre, et de rester en dehors de toute alliance militaire. La Finlande qui a une frontière de 1 300km avec la Russie et qui a connu de nombreux conflits, elle, est plus pragmatique. La Suède mène toutefois une politique de rapprochement avec l’Otan. La stratégie c’est de travailler avec l’organisation le plus possible mais aussi de manière bilatérale avec les États-Unis.”

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