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Bladinaute averti
Abstention dindifférents et abstention dengagés
Soyons précis : il y a au Maroc deux formes dabstention, quil est malaisé et cependant vital de distinguer. Aux Marocains non-inscrits sur les listes électorales par accumulation de plusieurs facteurs : analphabétisme, archaïsmes politiques, carence administrative... sajoutent les indifférents, vivants hors de lespace public naissant comme on vit hors de léconomie formelle
Ces deux masses composent une abstention «culturelle» ayant très peu de significations politiques. À cette première forme sajoute une seconde abstention, politique et politisée. Cest elle qui fonde les appels au boycott délections jugées peu crédibles.
Lexercice auquel les Marocains sont priés instamment de participer ce vendredi sera différent. Non pas que les élections cette fois-ci soient particulièrement propres. Ou les partis combatifs. Ou les élus fidèles à leurs engagements. Mais la nouvelle Constitution, octroyée au printemps 2011, validée par référendum le premier juillet suivant, a introduit une clause qui en change le sens. Larticle 47 impose que le chef du gouvernement, nommément «Raïs al houkouma», soit issu du parti majoritaire.
En bref, vendredi, les Marocains seront appelés à choisir des Grands électeurs, doù sortira le Raïs du gouvernement. Élections présidentielles passées par le prisme des législatives, elles nous imposent une tenue particulière. Il y a aujourdhui plusieurs mouvements et quelques partis qui réclament un boycott de ces élections, comme ils réclamèrent celui du référendum. Mais ce boycott risque de perdre de sa signification en mêlant ses eaux à la vaste mer de labstention par indifférence de la majorité des Marocains.
Dans les années 1950, un jeune écrivain de science-fiction américain écrivit une nouvelle qui peut nous parlait aujourdhui. Il imaginait une élection présidentielle future, où de nombreux citoyens, refusant les deux candidats en lice, proposent de créer un bulletin pour eux, un vote «Franz Kafka», exprimant leur désarroi devant labsurdité des programmes. Le lecteur imagine la suite. Après une âpre campagne électorale, Franz Kafka est élu président des États-Unis
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Soyons précis : il y a au Maroc deux formes dabstention, quil est malaisé et cependant vital de distinguer. Aux Marocains non-inscrits sur les listes électorales par accumulation de plusieurs facteurs : analphabétisme, archaïsmes politiques, carence administrative... sajoutent les indifférents, vivants hors de lespace public naissant comme on vit hors de léconomie formelle
Ces deux masses composent une abstention «culturelle» ayant très peu de significations politiques. À cette première forme sajoute une seconde abstention, politique et politisée. Cest elle qui fonde les appels au boycott délections jugées peu crédibles.
Lexercice auquel les Marocains sont priés instamment de participer ce vendredi sera différent. Non pas que les élections cette fois-ci soient particulièrement propres. Ou les partis combatifs. Ou les élus fidèles à leurs engagements. Mais la nouvelle Constitution, octroyée au printemps 2011, validée par référendum le premier juillet suivant, a introduit une clause qui en change le sens. Larticle 47 impose que le chef du gouvernement, nommément «Raïs al houkouma», soit issu du parti majoritaire.
En bref, vendredi, les Marocains seront appelés à choisir des Grands électeurs, doù sortira le Raïs du gouvernement. Élections présidentielles passées par le prisme des législatives, elles nous imposent une tenue particulière. Il y a aujourdhui plusieurs mouvements et quelques partis qui réclament un boycott de ces élections, comme ils réclamèrent celui du référendum. Mais ce boycott risque de perdre de sa signification en mêlant ses eaux à la vaste mer de labstention par indifférence de la majorité des Marocains.
Dans les années 1950, un jeune écrivain de science-fiction américain écrivit une nouvelle qui peut nous parlait aujourdhui. Il imaginait une élection présidentielle future, où de nombreux citoyens, refusant les deux candidats en lice, proposent de créer un bulletin pour eux, un vote «Franz Kafka», exprimant leur désarroi devant labsurdité des programmes. Le lecteur imagine la suite. Après une âpre campagne électorale, Franz Kafka est élu président des États-Unis
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