Les peuples acteurs du printemps arabe se trouvent maintenant confrontés à une contre-révolution dans laquelle sinvestissent le triptyque Arabie saoudite-Qatar, États-Unis-
Union européenne et les mouvances islamistes. Cest ce quexplique Georges Corm, spécialiste de la région. Léconomiste et historien libanais revient aussi sur la complexe situation syrienne.
Quel bilan tirez-vous de ce que lon appelle les printemps arabes ?
Georges Corm. Il sest effectivement passé de grands événements depuis un an et demi. Ce que jai appelé révolte arabe, plutôt que révolution, sest déroulé en plusieurs phases. Dabord lorsque toutes les sociétés arabes, au cours de janvier, février et début mars 2011, se retrouvent dans la rue, toutes tranches dâges et toutes classes sociales confondues, pour contester les pouvoirs en place. Elles dénoncent tout à la fois lautoritarisme politique et le manque de liberté mais, surtout, les conditions socio-économiques et, notamment, le très fort taux de chômage qui caractérise les économies arabes. Celui-ci atteint les 30 % chez les 15-24 ans. Il y avait donc à la fois une demande de dignité sociale et une demande de libéralisation politique. Ces mouvements, qui se sont pratiquement déroulés dOman jusquà la Mauritanie, ont inspiré aussi différents mouvements européens contestant le néolibéralisme, les politiques daustérité, la montée du chômage, la précarité de lemploi des jeunes On a eu là un très beau moment où les deux rives de la Méditerranée se sont mises à lunisson pour contester des pouvoirs en place.
Dans une deuxième étape, malheureusement, va se réaliser ce quon peut appeler la contre-réaction. Lacte le plus extraordinaire, même si les médias occidentaux en ont très peu parlé, a été lentrée des troupes saoudiennes à Bahreïn, pour mettre au pas les manifestants qui campaient sur la principale place de la capitale, Manama. Il y a un second dérapage qui a lieu au Yémen (où il faut saluer le rôle capital des femmes dans les manifestations), avec un président, Ali Abdallah Saleh, manifestement soutenu par lArabie saoudite. Par la suite, la situation va dégénérer à la fois en Libye et en Syrie. En Libye, il y a lintervention de lOtan, avec des bombardements massifs dont on peut se demander sils étaient vraiment nécessaires pour chasser le dictateur libyen.
http://new.humanite.fr/tribunes/geo...ieux-poison-recurrent-du-moyen-orient»-498175
Quel bilan tirez-vous de ce que lon appelle les printemps arabes ?
Georges Corm. Il sest effectivement passé de grands événements depuis un an et demi. Ce que jai appelé révolte arabe, plutôt que révolution, sest déroulé en plusieurs phases. Dabord lorsque toutes les sociétés arabes, au cours de janvier, février et début mars 2011, se retrouvent dans la rue, toutes tranches dâges et toutes classes sociales confondues, pour contester les pouvoirs en place. Elles dénoncent tout à la fois lautoritarisme politique et le manque de liberté mais, surtout, les conditions socio-économiques et, notamment, le très fort taux de chômage qui caractérise les économies arabes. Celui-ci atteint les 30 % chez les 15-24 ans. Il y avait donc à la fois une demande de dignité sociale et une demande de libéralisation politique. Ces mouvements, qui se sont pratiquement déroulés dOman jusquà la Mauritanie, ont inspiré aussi différents mouvements européens contestant le néolibéralisme, les politiques daustérité, la montée du chômage, la précarité de lemploi des jeunes On a eu là un très beau moment où les deux rives de la Méditerranée se sont mises à lunisson pour contester des pouvoirs en place.
Dans une deuxième étape, malheureusement, va se réaliser ce quon peut appeler la contre-réaction. Lacte le plus extraordinaire, même si les médias occidentaux en ont très peu parlé, a été lentrée des troupes saoudiennes à Bahreïn, pour mettre au pas les manifestants qui campaient sur la principale place de la capitale, Manama. Il y a un second dérapage qui a lieu au Yémen (où il faut saluer le rôle capital des femmes dans les manifestations), avec un président, Ali Abdallah Saleh, manifestement soutenu par lArabie saoudite. Par la suite, la situation va dégénérer à la fois en Libye et en Syrie. En Libye, il y a lintervention de lOtan, avec des bombardements massifs dont on peut se demander sils étaient vraiment nécessaires pour chasser le dictateur libyen.
http://new.humanite.fr/tribunes/geo...ieux-poison-recurrent-du-moyen-orient»-498175