Ainsi parlait Béjart
"'Se convertir' est un verbe qui ne me convient pas", affirmait-il dans le livre d'entretiens "Ainsi danse Zarathoustra" (2006).
"Rencontrer l'islam ne m'a pas une seconde détourné de mon enfance catholique, ne m'a pas empêché d'être un fervent adepte du bouddhisme et ne m'a pas fait perdre l'amour d'autres merveilles de l'esprit. Je vois mon cheminement spirituel comme une grande continuité", ajoutait-il.
Béjart avait été initié par le maître soufi iranien Nur Ali Elahi, dont il disait qu'il était "le plus grand musicien (qu'il avait) rencontré".
"L'islam chiite m'apparaît beaucoup plus mystique que l'islam sunnite", expliquait-il. L'islam et, plus généralement, la spiritualité l'ont influencé en tant qu'artiste.
En 1990, il avait créé au Caire le ballet "Pyramide-El Nour", sur des "musiques traditionnelles d'islam", tandis que "A propos de Schéhérazade" mêlait en 1995 des compositions de Ravel et Rimski-Korsakov à des musiques traditionnelles iraniennes.
Son livre "L'autre chant de la danse" (1974) était "profondément inspiré" par les travaux du philosophe et orientaliste français Henry Corbin (1903-1978), spécialiste de l'islam iranien. Et les noms de ses écoles de danse, "Mudra" et "Rudra", faisaient référence à des divinités indiennes.
"J'ai toujours pensé que la danse était liée à la divinité, que le sacré se mêlait au mouvement de la danse, insistait ce mystique dans son livre d'entretiens. (La danse) est un univers transcendant qui fait appel au subconscient, je dirais même aux forces occultes".
Le chorégraphe, qui fustigeait les pensées "sectaires", condamnait l'intégrisme musulman et ses "dérives", qu'il renvoyait dos-à-dos avec ceux d'autres religions: "Inquisition espagnole hier, intégrisme musulman aujourd'hui, l'Histoire nous repasse souvent les mêmes plats".
En attendant les déclarations de Diam's sur sa conversion