amsawad
Tayri nem tuder g-ul inu
Ce que les Amazighs veulent
Chef de file du mouvement pour la reconnaissance de l’identité amazighe, l’académicien Mohamed Chafik adresse une lettre ouverte aux membres de la Commission consultative de révision de la Constitution (CCRC).
A mesdames et messieurs les professeurs chargés de l’élaboration du projet de notre future constitution. Permettez que, tout d’abord, je vous félicite pour la confiance qui vous est faite par S.M. le roi et par l’ensemble du peuple marocain. Et permettez, ensuite, que j’entre sans tarder dans le vif du sujet qui ne cesse de me tarauder l’esprit depuis des décennies. Les cercles makhzéniens, traditionalistes par définition, se forment d’eux-mêmes autour de chaque nouveau monarque, telles les générations spontanées, en profitant de l’effet gravitationnel qu’exerce le pouvoir politico-religieux. Dans ces cercles, il a toujours été rare, depuis des siècles, de trouver des défenseurs de la cause amazighe. Au fil du temps, l’amazighophobie s’est presque érigée en doctrine d’Etat. Et c’est là l’un des nœuds gordiens politiques qu’il y a lieu de trancher.
Retour aux sources
Le Makhzen historique n’a jamais cherché à se dégager des paradigmes médiévaux établis par les Omeyyades et les Abassides. Or, la culture amazighe, elle, est d’essence authentiquement démocratique. Notre future constitution serait bien avisée de chercher à s’en inspirer. En tout état de cause, l’histoire inscrira au crédit du génie politique de Mohammed VI le fait qu’il a solennellement lié, dans un même discours, la nécessité de nous mettre sérieusement en quête de justice et de démocratie à celle de considérer l’amazighité comme étant un élément central au cœur de notre identité nationale. M’autorisant à paraphraser et à expliciter les passages concernés du discours royal du 9 mars 2011, je dirais ceci : “Nous voulons, ensemble, promouvoir la démocratie ? Soit ! Retrouvons-la dans notre patrimoine le plus ancien d’abord !”.
Or, tout esprit soucieux d’être réaliste et équitable, ne peut que reconnaître la gravité des dommages subis par le patrimoine en question. Tant au nom d’un islam réel ou simulé que de l’idéologie panarabiste, l’amazighité est sournoisement combattue, depuis 1955, par des acteurs politiques racistes et doctrinaires, qui comptent sans la vivacité de la culture “chleuhe” et de l’humanisme qui en constitue la colonne vertébrale. Si vous en avez le temps, mesdames et messieurs, je m’essaierai à vous éclairer davantage sur les principes philosophiques qui fondent la vision amazighe de la vie en société(1).
Chef de file du mouvement pour la reconnaissance de l’identité amazighe, l’académicien Mohamed Chafik adresse une lettre ouverte aux membres de la Commission consultative de révision de la Constitution (CCRC).
A mesdames et messieurs les professeurs chargés de l’élaboration du projet de notre future constitution. Permettez que, tout d’abord, je vous félicite pour la confiance qui vous est faite par S.M. le roi et par l’ensemble du peuple marocain. Et permettez, ensuite, que j’entre sans tarder dans le vif du sujet qui ne cesse de me tarauder l’esprit depuis des décennies. Les cercles makhzéniens, traditionalistes par définition, se forment d’eux-mêmes autour de chaque nouveau monarque, telles les générations spontanées, en profitant de l’effet gravitationnel qu’exerce le pouvoir politico-religieux. Dans ces cercles, il a toujours été rare, depuis des siècles, de trouver des défenseurs de la cause amazighe. Au fil du temps, l’amazighophobie s’est presque érigée en doctrine d’Etat. Et c’est là l’un des nœuds gordiens politiques qu’il y a lieu de trancher.
Retour aux sources
Le Makhzen historique n’a jamais cherché à se dégager des paradigmes médiévaux établis par les Omeyyades et les Abassides. Or, la culture amazighe, elle, est d’essence authentiquement démocratique. Notre future constitution serait bien avisée de chercher à s’en inspirer. En tout état de cause, l’histoire inscrira au crédit du génie politique de Mohammed VI le fait qu’il a solennellement lié, dans un même discours, la nécessité de nous mettre sérieusement en quête de justice et de démocratie à celle de considérer l’amazighité comme étant un élément central au cœur de notre identité nationale. M’autorisant à paraphraser et à expliciter les passages concernés du discours royal du 9 mars 2011, je dirais ceci : “Nous voulons, ensemble, promouvoir la démocratie ? Soit ! Retrouvons-la dans notre patrimoine le plus ancien d’abord !”.
Or, tout esprit soucieux d’être réaliste et équitable, ne peut que reconnaître la gravité des dommages subis par le patrimoine en question. Tant au nom d’un islam réel ou simulé que de l’idéologie panarabiste, l’amazighité est sournoisement combattue, depuis 1955, par des acteurs politiques racistes et doctrinaires, qui comptent sans la vivacité de la culture “chleuhe” et de l’humanisme qui en constitue la colonne vertébrale. Si vous en avez le temps, mesdames et messieurs, je m’essaierai à vous éclairer davantage sur les principes philosophiques qui fondent la vision amazighe de la vie en société(1).