Par ailleurs, ces "échecs de la raison" dont l'exemple d'incompréhension entre Calliclès et Socrate est frappant semble indiquer justement que pour comprendre certaines choses, il t'es nécessaire de faire l'appel à l'irrationnel. Par exemple, Platon, le contempteurs des mythes grecs qu'il jugeait une poésie abracadabrante, faisait lui-même recourir Socrate à des mythes pour faire comprendre ce que la raison ne parvenait pas à "dire"... C'est bien la preuve que tu ne peux fonder toutes tes convictions sur la seule "raison"... Il ne faut pas pour autant croire que Platon cédait à la "poésie abracadabrante" mais plutôt qu'il admettait qu'à un moment la raison doit laisser la parole à une autre forme de discours : celui de la transmission de l'émotion, et ce même dans un dialogue socratique, à travers des exemples plus poétiques, plus littéraires, comme sa version de l'Atlantide ou de l'Anneau de Gygès...
D'ailleurs pourquoi es tu surement sensible à certaines formes d'arts ? Que ce soit la musique, le dessin, le théâtre, la sculpture ou la peinture ? Parce que même si l'art n'a pas pour vocation première de transmettre un message, il véhicule des émotions qui stimulent ta méditation, qui en transformant la réalité (transformation qui amène donc à se détacher de la réalité et donc de ce qui est rationnellement observable) permettent de donner du sens à certaines choses...
C'est pourquoi il faut arrêter de nous bassiner avec l'irrationnalité des religions : oui ce qu'elles disent est indémontrable rationellement, mais l'homme fait systématiquement appel à l'irrationalité pour se comprendre ! Et ce même les athées !
Chacun voit le monde à travers le prisme de ces émotions, le traduit à sa façon et selon une sorte de matrice (qui peut changer) qui en fait une réalité pleine de sens ! Et ce vaut même pour les rationalistes comme Coucou !
Donc il EST NECESSAIRE de faire systématiquement appel dans tout débats, non seulement à la raison, mais aussi aux émotions et aux croyances car l'homme fonctionne ainsi.... et donc de faire appel à ces croyances dans toute action humaine, dans tout régime politique qui doit déterminer lesquelles de ces actions sont compatibles avec le bien public (ou pas).