Les passeurs de mémoire
Une nouvelle génération dartistes engagés...
Saghru, Imenza, Tighermatin, Imal, Timès
sont de jeunes groupes de musique. Mais, pas nimporte lesquels. Par leur engagement et leur persévérance, en dépit des maigres moyens dont ils disposent, ils dessinent les contours dune révolution culturelle dans les vallées de Tafilalt. Regard sur une nouvelle génération des maquisards du verbe.
Résistance
On raconte que pour survivre dans les oasis de Tafilalt, balayées par le soleil et les vents chauds, il a fallu apprendre à se battre très tôt. La mémoire collective raconte aussi que si lon entendait le bruit des sabots raisonner dans le désert aride, ce ne pouvait être que larmée du Makhzen en campagne contre une tribu dissidente. A lépoque, Aït Atta, Aït Merghad, Aït Hdiddou, Aït Aïssa Yizem
Tous les "Aït" refusaient dêtre soumis. Lhistoire nous enseigne que le Makhzen na jamais pu mettre sa main sur cette région jusquau début des années 1930 avec lintervention de larmée française qui a réussi à soumettre tout le Tafilalt après avoir commis dimmondes boucheries à Ifgh, à Baddou, à Saghrou et bien dautres lieux. Les blessures ne se sont pas encore cicatrisées et la mémoire garde toujours cet affront enfoui au fond delle.
Aujourdhui, le vent sec du sud balaie toujours le désert et les vallées terrassées par des décennies de sécheresse. Le visage de la terre na pas beaucoup changé. Les fils des femmes et des hommes tués à Bougafer et à Baddou se sont dressés pour refuser de se soumettre. Ils veulent saffirmer, exister et être eux mêmes. Ils le disent haut. Ils le chantent. Le passé et le présent sont désormais liés par lesprit de la résistance. Lâme de Saghrou.
Après des décennies doppression et de marginalisation programmée, Imenza, Imal, Tighermatin, Saghru, Timès et dautres jeunes groupes ont réussi à secouer le silence et à narguer la peur en déclenchant une révolution douce notamment sur les plans culturel et politique dans la région. Face au mépris institutionnalisé de tout ce qui a trait à lidentité amazighe, les leaders de ces groupes, nés dans la douleur de la contestation, ont investi Internet où ils se sont fait connaitre.