1) Un conducteur de tramway a perdu le contrôle de son engin et les freins ne fonctionnent plus.
Sur son chemin se trouvent 5 personnes qui discutent tranquillement sans se rendre compte que le tramway fonce sur eux.
Un employé de la compagnie du tramway a devant lui une manette d'aiguillage qui permettra de détourner le tramway sur une voie de garage.
Malheureusement une personne se trouve sur cette autre voie et elle sera certainement écrasée par le tramway.
Selon-vous le fait d'actionner la manette est-il, pour l'employé, obligatoire, acceptable ou moralement interdit ?
2) Un passant sachant nager passe à côté d'une fillette en train de se noyer dans une mare. Il n'y a personne d'autre aux environs. Si le passant plonge pour secourir l'enfant elle sera sauvée mais son pantalon sera fichu.
Selon-vous le fait de plonger sauver l'enfant est-il, pour le passant, obligatoire, acceptable ou moralement interdit ?
3) Dans un hôpital 5 patients sont en attente d'une greffe. Leur mort est certaine s'ils ne trouvent pas des organes le plus vite possible. Malheureusement aucun organe n'est actuellement disponible.
Un jeune homme est présent dans la salle d'attente de l'hôpital et si le chirurgien l'endormait et prélevait ses organes alors il pourrait sauver les 5 patients en attente de greffe, au prix de la mort du donneur.
Selon-vous le fait de provoquer sa mort pour prendre ses organes afin de les donner aux 5 patients est-il, pour le chirurgien, obligatoire, acceptable ou moralement interdit ?
Les trois problèmes ci-dessus sont des expériences de pensée visant à tester nos intuitions éthiques et morales.
Comment savons-nous que tel choix que nous faisons est juste ou injuste ?
Les gens sont-ils logiques dans leur raisonnements éthiques ou bien se laissent-ils tromper par leurs émotions ?
Les choix moraux sont-ils affectés par les croyances religieuses, l'éducation, l'origine sociale, le pays, l'âge, le métier ?
Toutes ces questions passionnantes sont explorées par les psychologues et les philosophes, par exemple Marc Hauser qui fait des recherches en psychologie, au "Cognitive Evolution Laboratory" de l'université de Harvard.
Il s'est toujours intéressé aux justifications que nous employons lors de nos choix moraux et il a décidé d'étudier les réponses d'individus face à un ensemble de dilemmes imaginaires.
Pour cela il a mis en place un questionnaire (en flash...grrr) qui est confidentiel et anonyme et qui lui permet de rassembler des données sur ces problèmes épineux
Le grand philosophe australien Peter Singer a écrit deux excellents petits articles de vulgarisation, disponibles en français, sur cette question des expériences de pensée dans le domaine de l'éthique.
Le but de tout ceci est juste de faire prendre conscience que, en dépit de ce que l'on croit, nos choix moraux et éthiques sont issus de notre histoire évolutive.
Seul ce fait peut expliquer qu'en dépit de toutes nos différences (culturelles, géographiques, religieuses, etc) on observe une remarquable convergence sur les réponses aux tests.
Sur les trois problèmes initiaux posés dans ce journal les réponses de 1500 personnes originaires du monde entier se répartissent ainsi : 90% d'entre eux pensent qu'il est acceptable d'actionner la manette, 97% qu'il est obligatoire de sauver la fillette et 97% qu'il est interdit de prélever les organes de l'homme en bonne santé.
Notre "boussole morale" est donc commune à tous les membres de l'espèce et, comme l'écrit Singer: "ces intuitions (éthiques) reflètent l'aboutissement de millions d'années au cours desquelles nos ancêtres ont vécu comme des mammifères sociaux, et elles font partie de notre héritage commun."
L'ennui c'est que ce système moral intégré a évolué dans un environnement très différent de notre monde moderne. Il n'est pas armé pour faire face aux problèmes épineux comme la question de l'avortement, de la fécondation in-vitro, du tri génétique des embryons, de l'euthanasie médicale, etc.
L'analyse de dilemmes éthiques de plus en plus contre-intuitifs est donc devenu une méthode standard pour essayer de pousser dans ses derniers retranchements notre sens éthique instinctif et démontrer son irrationalité dans certains cas.
Sur son chemin se trouvent 5 personnes qui discutent tranquillement sans se rendre compte que le tramway fonce sur eux.
Un employé de la compagnie du tramway a devant lui une manette d'aiguillage qui permettra de détourner le tramway sur une voie de garage.
Malheureusement une personne se trouve sur cette autre voie et elle sera certainement écrasée par le tramway.
Selon-vous le fait d'actionner la manette est-il, pour l'employé, obligatoire, acceptable ou moralement interdit ?
2) Un passant sachant nager passe à côté d'une fillette en train de se noyer dans une mare. Il n'y a personne d'autre aux environs. Si le passant plonge pour secourir l'enfant elle sera sauvée mais son pantalon sera fichu.
Selon-vous le fait de plonger sauver l'enfant est-il, pour le passant, obligatoire, acceptable ou moralement interdit ?
3) Dans un hôpital 5 patients sont en attente d'une greffe. Leur mort est certaine s'ils ne trouvent pas des organes le plus vite possible. Malheureusement aucun organe n'est actuellement disponible.
Un jeune homme est présent dans la salle d'attente de l'hôpital et si le chirurgien l'endormait et prélevait ses organes alors il pourrait sauver les 5 patients en attente de greffe, au prix de la mort du donneur.
Selon-vous le fait de provoquer sa mort pour prendre ses organes afin de les donner aux 5 patients est-il, pour le chirurgien, obligatoire, acceptable ou moralement interdit ?
Les trois problèmes ci-dessus sont des expériences de pensée visant à tester nos intuitions éthiques et morales.
Comment savons-nous que tel choix que nous faisons est juste ou injuste ?
Les gens sont-ils logiques dans leur raisonnements éthiques ou bien se laissent-ils tromper par leurs émotions ?
Les choix moraux sont-ils affectés par les croyances religieuses, l'éducation, l'origine sociale, le pays, l'âge, le métier ?
Toutes ces questions passionnantes sont explorées par les psychologues et les philosophes, par exemple Marc Hauser qui fait des recherches en psychologie, au "Cognitive Evolution Laboratory" de l'université de Harvard.
Il s'est toujours intéressé aux justifications que nous employons lors de nos choix moraux et il a décidé d'étudier les réponses d'individus face à un ensemble de dilemmes imaginaires.
Pour cela il a mis en place un questionnaire (en flash...grrr) qui est confidentiel et anonyme et qui lui permet de rassembler des données sur ces problèmes épineux
Le grand philosophe australien Peter Singer a écrit deux excellents petits articles de vulgarisation, disponibles en français, sur cette question des expériences de pensée dans le domaine de l'éthique.
Le but de tout ceci est juste de faire prendre conscience que, en dépit de ce que l'on croit, nos choix moraux et éthiques sont issus de notre histoire évolutive.
Seul ce fait peut expliquer qu'en dépit de toutes nos différences (culturelles, géographiques, religieuses, etc) on observe une remarquable convergence sur les réponses aux tests.
Sur les trois problèmes initiaux posés dans ce journal les réponses de 1500 personnes originaires du monde entier se répartissent ainsi : 90% d'entre eux pensent qu'il est acceptable d'actionner la manette, 97% qu'il est obligatoire de sauver la fillette et 97% qu'il est interdit de prélever les organes de l'homme en bonne santé.
Notre "boussole morale" est donc commune à tous les membres de l'espèce et, comme l'écrit Singer: "ces intuitions (éthiques) reflètent l'aboutissement de millions d'années au cours desquelles nos ancêtres ont vécu comme des mammifères sociaux, et elles font partie de notre héritage commun."
L'ennui c'est que ce système moral intégré a évolué dans un environnement très différent de notre monde moderne. Il n'est pas armé pour faire face aux problèmes épineux comme la question de l'avortement, de la fécondation in-vitro, du tri génétique des embryons, de l'euthanasie médicale, etc.
L'analyse de dilemmes éthiques de plus en plus contre-intuitifs est donc devenu une méthode standard pour essayer de pousser dans ses derniers retranchements notre sens éthique instinctif et démontrer son irrationalité dans certains cas.