L’encyclique Divino afflante Spiritu, promulguée par Pie XII en 1943, proposera des pistes permettant d’honorer les résultats proprement historiques et invitera à prendre en considération les conditions socio-historiques de production des textes bibliques.
Comme l’écrit P.M. Beaude, « l’encyclique apparut comme une vraie libération et, pourrait-on dire, comme la charte des études bibliques. Elle favorisait le développement de l’exégèse critique, philologique et historique à un moment où certains mouvements refusaient de l’accepter pour en rester à une exégèse de type allégorique ou spirituel.
Elle favorisait l’étude du sens littéral…. »[1]. Le concile Vatican, la constitution dogmatique Dei Verbum, définira à nouveau que l’exégèse biblique a la charge de manifester le sens du texte, en tenant compte des données de la critique historique. Elle invite à aller au-delà du texte biblique pour mettre à jour l’intention et les intérêts de ses auteurs.
L’exégèse historico-critique a donc pour buts de reconstituer le plus précisément possible les différentes étapes de la composition littéraire des textes bibliques et de repérer leur contexte historique. Ses étapes sont : la critique textuelle, l’histoire des traductions, les recherche des sources, l’établissement des genres littéraires, l’histoire de la tradition et la critique de la rédaction. Par ailleurs, le travail sur les textes bibliques suppose l’étude des langues, l’archéologie, l’histoire des religions et la littérature comparée. La critique historique est ainsi reconnue comme un moment nécessaire de la lecture.
« Se passer de l’approche historique et critique, c’est risquer de laisser dire n’importe quoi et de perdre la mémoire (…)
L’histoire doit garantir la vérité de notre rapport au passé. L’approche historico-critique évite les pièges du fondamentalisme (…) Elle invite de concevoir la révélation comme l’arrivée d’un monde sans chair, sans relais, sans médiations, sans lois. Elle permet ainsi de développer une théologie où le salut de Dieu rencontre l’histoire selon les lois d’une réelle incarnation de la Parole »[2].
A partir des années 1970, l’exégèse historico-critique sort d’elle-même, interpellée par d’autres disciplines, par d’autres sciences du texte : la sémiotique littéraire, la sociologie et la littérature…. On s’aperçoit de l’importance des outils qui permettent de rendre lisible un texte. C’est dire que l’exégèse historico-critique a connu de considérables évolutions, d’un point de départ où les questions de l’histoire du texte étaient prépondérantes à un croisement avec d’autres approches, en particulier narrative et sociologique, jusqu’à en venir à se rendre attentive au processus permanent de relecture intrabiblique.