L’inquiétude régnait, même silencieuse, dans les esprits de organisateurs et des proches de l’organisation. Ce 2nd Forum mondial des droits de l’Homme allait-il réussir ? Allait-il y avoir du remous, de la casse ? Les attentes étaient-elles vraiment à la hauteur des possibilités ?
Il faut croire que oui… malgré de nombreux couacs dans l’organisation, d’imprécisions dans les prévisions et d’improvisations ici et là, on peut dire que le Forum a réussi. En effet, comme le disait son concepteur – bien qu’il se défende de l’être – Driss el Yazami, la rencontre était technique, et non politique. Et comme il l’a redit plus tard, répondant à une question sur les nombreux boycotts : « L’ADN d’un militant DH est de toujours demander plus, encore plus, pour approcher d’un parfait qu’il n’atteindra jamais »… Si l’AMDH, l’Observatoire amazigh des droits et libertés et d’autres organismes voient les choses autrement, ils ont certainement raison, selon leur angle de vue, car le propre même des droits de l’Homme est de s’interdire de penser que les autres ont tort…
Le Maroc n’a pas organisé ce Forum pour faire un bilan d’étape de ses propres avancées en matière de droits… Il existe d’autres cercles et mécanismes pour cela. L’objectif était plutôt de faire rencontrer les acteurs des droits à travers le monde, de définir d’autres priorités, de mettre en place de nouveaux outils et concepts de droits humains…
Le Forum a permis donc des rencontres improbables… L’ex premier ministre espagnol Zapatero soumis à la question par Me Michel Tubiana, président d’honneur de la FIDH et répondant aux questions des journalistes sur son action… Un Amérindien hilare faisant ami-ami avec une militante bahreïnie tout sourire… Des militants de la liberté de conscience en prise de bec avec un islamiste défendant ses positions plutôt rigides… Il ne faut pas trop attendre d’annonces de ce genre de grand-messe car on était plutôt dans l’approche intellectuelle de la définition et de la mise en place des concepts, une approche qui précède toujours l’action effective pour instaurer ces nouveaux concepts. Cette action est tantôt verbale, tantôt physique, parfois virile, souvent utile pour faire passer les messages.
L’idée, donc, de ce forum était la réflexion, en vue de la conception d’outils de cette nouvelle génération de droits humains, au-delà de la mesure du respect des droits par la rareté des coups reçus dans un commissariat. Cela, on y travaille.
Cela étant, tout n’était pas rose… on a parlé d’infiltration policière dans les travaux, on a parlé aussi de confiscation de documents à l’aéroport ou ailleurs… on a parlé enfin d’interdiction de visa pour certaines nationalités (comme l’Irak et la Syrie)… Oui, tout cela est vrai, car la logique policière est, partout dans le monde, ainsi.
Un nécessaire équilibre entre la volonté de liberté absolue des défenseurs des droits et l’impératif de sécurité non moins absolue des Etats reste à trouver. Dans l’attente, le Maroc, l’Afrique, le Tiers-monde auront réussi à générer des débats sur leur sol, pour des thématiques qui les engagent eux avant les autres, ayant réussi à amener un tel forum en Afrique, avant qu’il ne reparte en Amérique latine pour l’édition 2015, et plus précisément en Argentine.
http://www.panorapost.com/le-forum-des-droits-de-lhomme-finalement-tenu-finalement-abouti/