Le hcp prévoit une baisse de la croissance en 2016 au maroc

Benyettou

Bladinaute averti
Maroc : croissance en fort ralentissement à 2,6% en 2016, prévoit le HCP

Douche froide... Au Maroc, la croissance devrait être presque deux fois moins forte en 2016 que cette année. C'est ce qu'estime le Haut-commissariat au plan dans son dernier budget économique exploratoire. Après une augmentation chiffrée à 4,3% en 2015, la hausse du PIB ne devrait être que de 2,6% en 2016, du fait d'une production agricole moins bonne. La dette publique devrait dépasser 81% du PIB l'an prochain. Ces mauvais chiffres arrivent alors que la loi des finances sera débattue à l'automne. Le HCP plaide pour des réfomes de structure.

L'optimisme n'est plus de rigueur pour la croissance en 2016 au Maroc, si l'on en croit les chiffrages du Haut-commissariat au plan (HCP).
La hausse du PIB ne serait que de 2,6% l'an prochain, alors que la prévision pour 2015 s'établit à 4,3%, indique le HCP dans son budget économique exploratoire, publié le 30 juin. Des chiffres peu encourageants pour le gouvernement Benkirane, alors que doivent se tenir cet automne des élections locales et surtout fin 2016 (ou début 2017) les législatives.

L'une des raisons qui explique cette dégradation de la croissance est la variation négative du secteur primaire, en grande partie à cause de l'agriculture, qui devrait passer d'une hausse de production de 13,2% en 2015 à une baisse de 1,7% en 2016. En effet, si les cultures sont particulièrement bonnes cette année, elles devraient stagner en 2016.

Cette prévision de croissance de 2,6% en 2016 apparaît beaucoup bien plus pessimiste que celle du FMI notamment qui table, lui, sur une croissance de 5% l'an prochain.

A noter que les hypothèses retenues par le HCP pour 2016 portent sur une production "moyenne" pour la campagne agricole 2015/2016 et une reconduction de la politique budgétaire en vigueur de 2015, "notamment en matière des dépenses d’investissement et de fonctionnement et de compensation". Ces chiffres donc "ont vocation à être révisées au cours du prochain budget économique en fin d’année lorsque la loi de finances aura été adoptée par le Parlement", précise l'institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami.

Malgré ces médiocres perspectives, et la confirmation d'un cycle baissier de long terme (voir graphique ci-dessous) le HCP reste optimiste sur quelques points. L'an prochain, "les activités non agricoles devraient enregistrer un rythme de croissance en amélioration de 3,1% au lieu de 2,5% en 2015, attribuable notamment à l’amélioration de 3,4% du secteur tertiaire au lieu de 2,7% en 2015.

Baisse de la valeur ajoutée liée au tourisme en 2015

Les activités du secteur secondaire, à savoir l'industrie essentiellement, devraient connaître une évolution favorable : "elles devraient s’accroitre à un rythme modéré de 2,3%" en 2016, contre 1,9% cette année, estime le Haut-commissariat au plan.

Les activités de ces secteurs non agricoles continuent donc d'augmenter, à l'exception du tourisme. "Les activités touristiques, qui ont contribué à la croissance économique des dernières années avec des taux de 5% en moyenne durant la période 2007-2014, connaîtraient pour la première fois une baisse de leur valeur ajoutée, de l’ordre de 2,7%." Sans doute, la résultante de la situation perçue comme tendue par les touristes européens sur toute la zone Afrique du nord.

La dette publique globale devrait atteindre 81,2% du PIB en 2016

En matière d'échanges extérieurs, sur fond de déficit commercial toujours élevé, les choses continuent de s'améliorer : "les exportations de biens et services connaîtraient une hausse de 5% aux prix courants [en 2016]. L’augmentation [moins forte] des importations, d’environ 3,5%, se traduirait par un allégement du déficit en ressources, passant de 8,8% du PIB en 2015 à 8,3% en 2016", ajoute le HCP.

Selon ses prévisions, le déficit courant des échanges extérieurs passera de 5,7% du PIB en 2014 à 3,3% en 2015 puis à 3% en 2016.

Autre sujet, sur la question de la dette, le Haut-commissariat au plan continue de tirer la sonnette d'alarme : "la dette publique globale devrait atteindre 81,2% du PIB en 2016 au lieu de 79,6% en 2015 et 78,2% en 2014." Cette hausse continue de la dette explique la recherche de financement sur le marché international par le Maroc, sous forme d'emprunts (bonds) et devrait se poursuivre.

Le déficit budgétaire resterait contenu à 4,4% du PIB en 2016, soit le niveau estimé aussi pour cette année contre 5,1% en 2014.

Enfin, au delà, des indicateurs médiocres livrés par le HCP pour 2016, c'est la situation à moyen terme de l'économie marocaine qui est la plus inquiétante selon l'institution.

Ahmed Lahlimi Alami en présentant ses prévisions mardi à Casablanca a indiqué selon l'agence MAP : "à défaut de réformes structurelles susceptibles d'engager le pays dans un processus profond de diversification de son tissu productif et de valoriser ainsi, la robustesse des options stratégiques adoptées par le Maroc, depuis 2000, nous risquons de réduire les profits que nous offre l'aubaine de la conjoncture internationale actuelle".

Conséquence selon le HCP "Nous resterions, alors, dans cette configuration d'une croissance qui effleurerait 4,5 à 5% dans le cas d'une bonne année agricole et de ne guère dépasser 3% dans le cas contraire». Un message clair aux dirigeants du royaume.

http://www.usinenouvelle.com/editor...issement-a-2-6-en-2016-prevoit-le-hcp.N339442
 
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