La motivation du ministère est, en réalité, de réaliser des économies. Moins de redoublement, c'est moins d'élèves donc moins de dépenses.
Le ministère de l’Éducation nationale est une illustration du mythe de l’éternel retour. Une nouvelle fois revient l’idée de supprimer le redoublement. En réalité, le redoublement est devenu exceptionnel depuis dix ans, ne peut se faire que l’année finale d’un cycle et seulement si la famille est d’accord. Il s’agirait, ici, de le proscrire sauf si l’élève a manqué un long moment et à la demande de la famille.
L’argument est que les élèves qui redoublent réussissent toujours moins bien que les autres. En même temps, ce sont plutôt les élèves en difficulté qui redoublent. Ce n’est pas une année redoublée qui transformera un cheval de trait en cheval de course. Peut-être faudrait-il cesser de vouloir faire courir les élèves plus doués pour le labour. D’autre part, le taux de redoublement chute depuis trente ans sans qu’on ne constate une amélioration des résultats des petits Français dans les enquêtes internationales – au contraire.
La comparaison avec les pays – nordiques, notamment – qui ne connaissent pas le redoublement et pourtant font mieux réussir leurs jeunes est trompeuse. S’il n’y a pas de redoublement chez eux, les élèves en difficulté reçoivent un soutien fort. Souvent, ils sont placés pour un temps dans une classe à faible effectif avec deux professeurs en même temps. À ce prix – car un tel système a un prix qui n’est pas inférieur, économiquement, au redoublement –, ils parviennent en partie à rattraper leur retard. Ce n’est pas ce qui est envisagé par le ministère. Le non-redoublement, dans son esprit, c’est le passage automatique en classe supérieure en laissant l’élève dans une classe à effectif standard (jusqu’à 35). Au pire (ou au mieux, selon le point de vue), il s’écrasera sur le mur du baccalauréat. Mais comme ce mur est plutôt un muret, voire une bordure, il échouera plutôt dans le supérieur. Déjà 50 % d’échec en première année de faculté en moyenne.
La motivation du ministère est, en réalité, de réaliser des économies. Moins de redoublement, c’est moins d’élèves donc moins de dépenses. Le redoublement n’est certes pas une panacée, mais il est parfois une chance pour l’élève. Croit-on qu’un élève qui ne maîtrise pas les fondamentaux d’une classe pourra les rattraper tout en acquérant des connaissances nouvelles ? Si l’on veut vraiment lutter contre l’échec scolaire dont le redoublement est une conséquence et pas une cause, il faut d’abord donner aux élèves les savoirs et les compétences nécessaires pour suivre les enseignements suivants.
Notamment en faisant en sorte que l’école primaire apprenne à lire, écrire, compter, calculer à tous les enfants français par des méthodes éprouvées et efficaces.
Et non à « lutter contre les préjugés de genre », les initier au « code informatique », prétendre leur faire découvrir « par eux-mêmes » des lois scientifiques qui ont valu à leurs découvreurs le prix Nobel, les sensibiliser au Code de la route, au respect, à l’égalité, à l’antiracisme, au développement durable et à la protection des ratons laveurs.
Pierre Van Ommeslaeghe Prof de philo
mam
Le ministère de l’Éducation nationale est une illustration du mythe de l’éternel retour. Une nouvelle fois revient l’idée de supprimer le redoublement. En réalité, le redoublement est devenu exceptionnel depuis dix ans, ne peut se faire que l’année finale d’un cycle et seulement si la famille est d’accord. Il s’agirait, ici, de le proscrire sauf si l’élève a manqué un long moment et à la demande de la famille.
L’argument est que les élèves qui redoublent réussissent toujours moins bien que les autres. En même temps, ce sont plutôt les élèves en difficulté qui redoublent. Ce n’est pas une année redoublée qui transformera un cheval de trait en cheval de course. Peut-être faudrait-il cesser de vouloir faire courir les élèves plus doués pour le labour. D’autre part, le taux de redoublement chute depuis trente ans sans qu’on ne constate une amélioration des résultats des petits Français dans les enquêtes internationales – au contraire.
La comparaison avec les pays – nordiques, notamment – qui ne connaissent pas le redoublement et pourtant font mieux réussir leurs jeunes est trompeuse. S’il n’y a pas de redoublement chez eux, les élèves en difficulté reçoivent un soutien fort. Souvent, ils sont placés pour un temps dans une classe à faible effectif avec deux professeurs en même temps. À ce prix – car un tel système a un prix qui n’est pas inférieur, économiquement, au redoublement –, ils parviennent en partie à rattraper leur retard. Ce n’est pas ce qui est envisagé par le ministère. Le non-redoublement, dans son esprit, c’est le passage automatique en classe supérieure en laissant l’élève dans une classe à effectif standard (jusqu’à 35). Au pire (ou au mieux, selon le point de vue), il s’écrasera sur le mur du baccalauréat. Mais comme ce mur est plutôt un muret, voire une bordure, il échouera plutôt dans le supérieur. Déjà 50 % d’échec en première année de faculté en moyenne.
La motivation du ministère est, en réalité, de réaliser des économies. Moins de redoublement, c’est moins d’élèves donc moins de dépenses. Le redoublement n’est certes pas une panacée, mais il est parfois une chance pour l’élève. Croit-on qu’un élève qui ne maîtrise pas les fondamentaux d’une classe pourra les rattraper tout en acquérant des connaissances nouvelles ? Si l’on veut vraiment lutter contre l’échec scolaire dont le redoublement est une conséquence et pas une cause, il faut d’abord donner aux élèves les savoirs et les compétences nécessaires pour suivre les enseignements suivants.
Notamment en faisant en sorte que l’école primaire apprenne à lire, écrire, compter, calculer à tous les enfants français par des méthodes éprouvées et efficaces.
Et non à « lutter contre les préjugés de genre », les initier au « code informatique », prétendre leur faire découvrir « par eux-mêmes » des lois scientifiques qui ont valu à leurs découvreurs le prix Nobel, les sensibiliser au Code de la route, au respect, à l’égalité, à l’antiracisme, au développement durable et à la protection des ratons laveurs.
Pierre Van Ommeslaeghe Prof de philo
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