Les jeunes et la politique : entre ambition et insouciance

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Il y a deux sortes de jeunes, ceux qui se disent apolitiques, par insouciance ou par lassitude, et ceux qui nourrissent pour la politique une ardente ambition.

Si « l’Homme est naturellement un animal politique » comme le suggère Aristote, pourquoi la jeunesse marocaine a-t-elle, pour la politique, une aversion certaine ?

Passée la génération où vie estudiantine rimait avec engagement politique ; où l’université marocaine était une véritable école de formation de jeunes cadres politiques et syndicaux, la nouvelle génération se trouve confrontée à l’absence d’un espace capable de lui offrir une vision positive du champ politique.

Un jeune conseiller ministériel et militant politique, se confiant au Quid avec entrain, nous a affirmé que « le champ politique est un terrain miné, certes. Je ne m’y suis pas engagé par ambition mais par conviction. Ce n’est pas une question de vie ou de mort pour moi. J’ai des principes et des valeurs que je veux défendre. Je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde. La malhonnêteté est monnaie courante. C’est affligeant. » Mais ce n’est pas pour autant que les jeunes devraient prendre la politique en horreur.

Dans une déclaration au Quid, Chouaib Elazhar, jeune militant du parti du Progrès et du Socialisme, affirme que « la relation entretenue par les jeunes marocains avec le champ politique est une relation mitigée entre ambition et désaffection. » Il explique qu’ « en effet, les jeunes au Maroc représentent environ 25 % de la population totale, et semblent pour beaucoup ignorer le fonctionnement politique du royaume. Ces jeunes ont besoin de motivation, d’une « carotte » qui leur donnera envie de s’engager pour une quelconque cause. Le secteur politique ne sort pas du lot. Et au même titre que tous les autres secteurs, à savoir les secteurs économique, médical, artistique, juridique, et bien d’autres encore, le secteur politique possède des inconvénients. Ces jeunes représentent l’avenir du pays. Ils doivent faire entendre leur voix et revendiquer leurs droits. »

Elazahar affirme, par ailleurs que le domaine politique est « quelque peu intimidant » pour les jeunes, même s’il leur permet de s’affirmer. Selon lui, « l’engagement politique ennuie, dérange, exaspère et fait peur. Malheureusement les choses ne peuvent pas se faire toutes seules, et si les jeunes ne s’engagent pas pour changer eux-mêmes ce qui les dérange, le système n’évoluera pas. » Il invite ainsi les jeunes à s’engager, « au lieu de laisser le champ libre aux personnes corrompues. »

« Nous devons prendre les choses en main», a-t-il martelé.

Critiquer et dire que tout va mal est bien aisé, mais le mérite revient à ceux qui s’engagent pour le changement.

Chouaib Elazhar, ajoute, néanmoins, que « les jeunes ont conscience que pour faire carrière en politique, l’âge est décisif. Rares sont les personnes de moins de 40 ans qui ont pu s’imposer sur la scène politique nationale. En ce qui me concerne, malgré la difficulté des choses, et leur grande complexité, je me suis engagé, et j’essaye d’honorer mon engagement du mieux que je peux. J’en paye le prix encore aujourd’hui mais c’est sans regret ! Je savais dès le départ que ce ne serait pas simple, et j’assume. »

La politique, un jeu sale pour certains et une course inlassable pour le pouvoir, où l’ambition n’est plus que le fumier de la gloire pour d’autres. Mais l’ambition politique n’est pas nécessairement corrompue. Comme dirait Baden Powell, «l’ambition de faire le bien est la seule qui compte». Disons le autrement, le véritable engagement politique est de ne point renoncer à son idéal et à ses convictions mais de se détacher de ses illusions premières.

La mobilisation politique de la jeunesse est toujours possible. Il est question de cultiver sa fibre pour le changement et le progrès social ; nourrir l’effervescence et l’engagement politique au sein de l’université marocaine. Il appartient également aux partis politiques de se défaire de leur obsession électoraliste et de regagner en crédibilité auprès d’une jeunesse aussi lasse qu’insouciante.

http://www.quid.ma/politique/les-jeunes-politique-ambition-insouciance/
 
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