10/06/2009
Vive tension entre Touaregs et Arabes au Mali
La désormais affaire des huit conseillers communaux de l’ADEMA-PASJ, enlevés dans la nuit du vendredi 5 juin à Bourem Inaly, localité située à 20 km de Tombouctou, puis libérés 72 heures après, continuent d’empoisonner l’atmosphère politique de la cité des 333 saints. Une guéguerre entre Touaregs et Arabes est à l’origine de cette scabreuse affaire.
Au sein de l’ADEMA, Houssa Maïga de Bourem Inaly, élu membre du Conseil de cercle, a abandonné son camp contre espèces sonnantes et trébuchantes. Soixante douze heures après avoir consommé les sous reçus, Houssa Maïga revint dans sa famille politique originelle. Ce qui a écœuré les Arabes et leurs alliés.
Seulement voilà : quarante huit heures après, c’est-à-dire la veille de l’élection du bureau du Conseil de cercle (c’était le samedi 6 juin) le conseiller Maïga et d’autres élus ADEMA sont enlevés.
Conséquences : ce sont les Arabes qui ont été tout de suite accusés. Ceux-ci rejetèrent l’accusation et accablèrent le président sortant du Conseil de cercle (il n’a pas digéré sa défaite à la base) et l’ancien maire de Tombouctou, Mohamed Ibrahim Cissé, d’avoir orchestré cet acte ignoble avant de les indexer. Ils ont fait, nous a-t-on dit «un travail machiavélique».
Les deux camps se rejettent mutuellement la responsabilité. Mais il y a eu plus de peur que de mal dans la mesure où les «otages politiques» ont été libérés sains et saufs. Maintenant, le compte à rebours a commencé pour l’élection du président du Conseil de cercle et la tension est montée d’un cran avec son corollaire d’accusations, de menaces et de rivalité intercommunautaire entre Arabes et Touaregs.
Les premiers se plaignent du fait que malgré leur supériorité numérique par rapport aux Touaregs dans le cercle de Tombouctou, ils n’ont jamais occupé un poste politique important : député, président du Conseil de cercle, président de l’Assemblée régionale. Ce sont les seconds qui ont toujours assumé ces différentes fonctions. Et ils ne veulent pas de l’alternance…
Rappelons que dans le conflit de Kidal, les Arabes se sont désolidarisés de la bande de Bahanga et Fagaga et sont même montés au front. Avant de former une milice qui est allée soutenir l’armée malienne sur le front.
Depuis, les relations entre Arabes et Touaregs se sont détériorées dans la région de Tombouctou.
Il revient donc au pouvoir de calmer les cœurs et les esprits et d’éviter à notre pays des conflits inutiles.
Chahana TAKIOU
L'Indépendant,