On a besoin de gens sérieux comme toi , la cause des Nolifes est un sujet sérieux qui me tient à cœur ,sinon ce thread va partir à vau-l’eau .Petit interlude culturel ou je serai bref :Voilà encore une expression qui fait sienne le mouvement pour traduire une réalité abstraite. Au-delà de l’allitération qui la compose et la rend agréable à l’oreille, on ne sait exactement pourquoi l’expression « aller à vau-l’eau » se compose d’un mot que l’on n’utilise plus dans la langue française du XXIe siècle.
L’expression « aller à vau- l’eau » est une locution verbale, qui, avant d’être utilisée au sens figuré, était utilisée au sens propre. Elle signifiait :
suivre le courant et le fil de l’eau (exemple : «
Personne ne ramant, nous nous laissions aller à vau-l’eau »,
Larousse, XIXe). Bien évidemment, comme cela a été le cas pour plusieurs expressions, la locution est passée dans le langage courant au sens figuré. L’expression reprend alors
l’idée de fuite et de laisser-aller et se dit d’une
chose qui part à la dérive – l’analogie avec l’univers aquatique n’est pas anodine -, que l’on laisse à l’abandon et qui périclite (exemple : «
Je me suis fort réjoui de voir le voyage à Rome à vau-l’eau », Mérimée,
Lettres à Viollet-le-Duc, 1870). Vous remarquerez par ailleurs que l’expression se limite parfois au syntagme nominal.
Afin de bien saisir les origines de l’expression « aller à vau-l’eau », il est nécessaire de voyager dans le temps et dans l’historique de la langue française pour déterrer les ancêtres de notre langage contemporain. Le terme
« à vau », qui fait partie de l’expression, existe depuis le
XIIe siècle dans l’ancien français. Le terme a la même origine que l’adverbe « aval » (vers le bas), qui lui-même s’est construit à partir des termes « val » et « vau » : c’est-à-dire la vallée, le vallon. En effet, aller « à val » signifiait descendre la vallée ou aller le long de. Ainsi, la locution adverbiale « à vau » a suivi la même évolution (en réalité, la locution adverbiale « avau » est la forme vocalisée de « aval », « côté par lequel descend un cours d’eau », selon le CNRTL).
En 1552, on trouve la première occurrence de l’expression, toujours utilisée au sens propre, dans un
texte de Rabelais : « Notre trinquet est
avau l’eau » (
Le Quart Livre, XVIII). Si l’orthographe n’est pas la même, l’expression, quant à elle, est bien utilisée pour signifier que le trinquet (le mât de misaine) suit le cours de l’eau.
Enfin, l’expression apparaît au sens figuré, pour ce qui semble être la première fois, dans un écrit de
Montaigne, en 1580 : « La science du monde s’en va nécessairement
à vau-l’eau » (
Essais, II). Que de chemin pour en arriver là…
De ces évolutions de la langue nous restent tout de même des termes et expressions encore fréquemment utilisés : ainsi on dit « amont » pour désigner ce qui se trouve plus haut (à l’origine : « en remontant le cours d’eau ») et « aval » pour ce qui est plus bas. On retrouve aussi ces termes dans l’expression
« par monts et par vaux », qui signifie être en déplacement, de tous côtés et à travers tout le pays, en toutes sortes d'endroits.
Pour aller plus loin : La locution adverbiale « à vau » a connu d’autres utilisations avant de disparaître du paysage de la langue française. Nous pouvons l'observer dans l’expression «
à vau-de-route », utilisée tant au sens propre de « en descendant la route » qu’au sens figuré. Ainsi, on disait «
à vau-de-route » pour dire « précipitamment et en désordre » (ex : « Les ennemis, voyant qu’on allait à eux avec cette vigueur, s’en sont enfuis à
vau-de-route, abandonnant leurs tentes et leur bagage qui a été pillé », Racine,
Lettre à Boileau, 1692). Dans le domaine de la chasse, on trouve les expressions
« à vau-vent » ou «
à vau-le-vent » pour signifier ce qui va dans le sens du vent ou ce qui est emporté par le vent. On peut encore citer «
à vau-le-feu » et «
à vau-l’ombre » qui signifie, au sens figuré, « à tout rompre » ou « à se rompre » (ex : « Votre bras est un tison allumé. Vous voyez les formes qui sont dans la mer rouler sous les vagues
à vau-le-feu. » Hugo
, Les Travailleurs de la mer, 1869 ou encore « L’ourque se retrouva
à vau l’ombre dans l’obscurité incommensurable », Hugo, L’Homme qui rit, 1869)
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