Les ouïgours de la place tiananmen auraient agi pour venger la démolition d'une mosquée

Le Ouïgour qui s'est immolé par le feu dans une voiture place Tiananmen avec son épouse et sa mère aurait agi en représailles de la démolition d'une partie de la mosquée de son village exactement un an avant l'attentat du 28 octobre 2013. C'est le service en ouïgour de Radio Free Asia (RFA, financé par le Congrès américain) qui a révélé l'information sur son site ce matin.
Originaire du village de Yengi Aymaq, dans le comté d'Akto (ouest du Xinjiang), Usmen Hesen, 33 ans, faisait partie des principaux donateurs pour la construction d'une nouvelle cour de la mosquée Pilal.

Celle-ci aurait été démolie par la force lors d'un raid mené par la police chinoise au prétexte que cette extension de l'espace de prière n'avait pas été autorisé, selon l'ancien chef du village, Hamut Turdi, cité par RFA

PAS DE RÉSISTANCE À LA POLICE

Agé de 55 ans, celui-ci a occupé pendant 22 ans la fonction de chef de village avant d'être démis par les autorités suite à l'incident de la mosquée.

Une centaine de policiers avaient été envoyés sur place en soutien aux ouvriers du chantier, a affirmé M. Turdi, expliquant qu'Usmen Hesen était intervenu lors de l'opération et avait enjoint les habitants à ne pas résister à la police : " Aujourd'hui ils ont gagné et nous avons perdu car ils ont des armes et nous n'avons rien – mais ne vous inquiétez pas, un jour, nous ferons quelque chose ", aurait-il déclaré, selon l'ancien chef du village.

La mère de Usmen Hesen, qui a péri dans l'attaque de la place Tiananmen, serait venue embrasser son fils à la fin du discours.

ENCADREMENT DE LA PRATIQUE RELIGIEUSE
Les pratiques religieuses au Xinjiang sont encadrées par un arsenal de règlements administratifs qui n'ont cessé ces dernières années de se resserrer.

Seuls les imams autorisés par le gouvernement peuvent officier dans les mosquées. En outre, les autorités n'ont cessé de mener des fouilles à domicile et des raids contre des cours coraniques clandestins, ou des éditions du Coran qui n'auraient pas été autorisées.

Ce serrage de vis est extrêmement mal perçu par la population qui le vit comme une intrusion, et nombre d'incidents de ces derniers mois ont éclaté suite à des perquisitions qui ont mal tourné ou des restrictions jugées abusives sur le port du voile ou de la barbe.

LA PISTE DJIHADISTE

Le gouvernement chinois a attribué au Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO) l'attentat du 29 octobre, qui a fait deux morts en plus des trois occupants de la voiture.

Rien ne dit par ailleurs que M. Usmen et sa famille n'aient pas été inspirés dans leur action par les injonctions de groupuscules djihadistes tel que le MITO (connu désormais sous le nom de parti islamique du Turkestan, TIP) : au moins deux touristes français qui ont assisté à l'incident affirment, selon une source qui les a rencontrés, avoir vu sur la voiture une sorte de drapeau noir, frappé d'inscriptions en langue " arabe ", tels ceux qu'arborent les mouvements clandestins islamo-nationalistes.

Les médias chinois ne diffusent jamais d'articles ou de reportages indépendants sur les zones sensibles comme le Tibet et le Xinjiang. Contraints de publier les dépêches de l'agence Chine nouvelle, ils n'ont pas mentionné le possible lien avec la démolition de la mosquée. Cette information a toutes les chances de n'avoir aucun écho en Chine.

http://www.lemonde.fr/asie-pacifiqu...la-demolition-d-une-mosquee_3510022_3216.html
 
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