Bonjour
Voilà, je réfléchis à la manière dont les gens perçoivent certaines qualités (vertus) ou certains défauts qu'on peut avoir. Et bien souvent, je me rends compte que le jugement positif ou négatif qu'on va porter sur elles ne devrait pas dépendre uniquement de la qualité en elle-même, mais aussi de tout un contexte social, un contexte qui peut donner une valeur positive autant que négative à des qualités identiques en elles-mêmes. Et pourtant les gens n'ont pas l'air de toujours percevoir ce lien entre la qualité et le contexte. Peut-être qu'on ne le voit pas. Ou qu'il est si évident qu'on le tient pour acquis et qu'on ne sent pas le besoin d'en parler. Ou bien on est essentialistes, et on croit que les gens ont des attributs qui les rendent intrinsèquement bons ou mauvais...
Quoi qu'il en soit, voici quelques exemples.
Plusieurs personnes font l'éloge de la loyauté. Qui n'aimerait pas avoir un ami loyal? Ou des citoyens loyaux envers leur patrie? Ou des croyants loyaux envers leur Église?
Mais la loyauté est-elle bonne en soi? Sans doute pas. C'est le contexte qui la rend bonne ou mauvaise. Une loyauté inopportune peut devenir de l'obstination ou de l'aveuglement au-delà de toute raison, et mettre en péril la sécurité ou la vie de certaines personnes.
Ok supposons que j'ai un bon ami, Bob, et que j'ai toujours été loyal envers lui. Mais Bob me dévoile qu'il prépare un crime, qui pourrait porter préjudice à des gens. Mon devoir de justice ne prend-il pas le dessus sur ma loyauté envers Bob, et les « devoirs » de mon amitié? Peu importe que Bob m'ait fait prêter je ne sais quelle serment. Un crime peut être évité, et il me revient d'alerter la police! Si je persistais dans ma « loyauté », je me rendrais complice d'un crime... même passivement. Je peux donc avoir à « trahir » un « ami », ou un « secret », donc à être « déloyal » si la justice l'exige. Une « trahison » peut donc être bonne, et même obligatoire, dans certaines circonstances, et on ne devrait pas culpabiliser le « traître ».
Ou encore prenons le courage. Dans toutes les cultures, à ma connaissance, le courage est tenu en haute estime. Surtout chez les mecs, car on a souvent été en guerre dans l'histoire de l'humanité, et le courage n'est-il pas la base des qualités exigées d'un combattant? Pour être courageux, il faut se dominer, il faut surmonter sa peur, sa peur de mourir, sa peur d'être blessé ou d'être capturé... cela est pas toujours facile. On écrit des poèmes épiques, on fait des films, des romans, des peintures, on fait des célébrations, etc., pour célébrer le courage de héros!! Donc une personne ayant du courage est-elle pour autant une bonne personne?
Pas nécessairement. Si les gens sont pris dans une guerre, et que certains combattants d'un camp prennent conscience que leur camp a tort, que la guerre qu'il mène n'est pas légitime, n'est pas juste, et constitue un crime contre d'autres peuples, alors s'ils persistent à combattre avec « courage », ils se rendent eux-mêmes complices de cette guerre injuste, même si peut-être leurs chefs les récompenseront pour leur « bravoure ». Évaluer positivement le courage suppose que le courage est appliqué à bon escient, pour faire avancer une cause juste, et non pour faire triompher des criminels. La moindre des choses serait d'invoquer l'objection de conscience.
C'est comme les guerres entre gangs de criminels ou de mafieux, où les gangsters peuvent certes se battre « courageusement », mais tout en commettant des crimes qui pourrissent la société et mettent en danger des vies innocentes!! Quel intérêt d'être admiré par quelques racailles pour avoir lutté comme un lion, si en définitive on a brisé des vies?
Vous pouvez refaire l'exercice avec une autre qualité qu'on apprécie en général : l'obéissance.
Même une qualité comme la « pitié », qui nous paraît si noble, n'est pas toujours recommandable, comme l'avait vu Spinoza.
Voilà, je réfléchis à la manière dont les gens perçoivent certaines qualités (vertus) ou certains défauts qu'on peut avoir. Et bien souvent, je me rends compte que le jugement positif ou négatif qu'on va porter sur elles ne devrait pas dépendre uniquement de la qualité en elle-même, mais aussi de tout un contexte social, un contexte qui peut donner une valeur positive autant que négative à des qualités identiques en elles-mêmes. Et pourtant les gens n'ont pas l'air de toujours percevoir ce lien entre la qualité et le contexte. Peut-être qu'on ne le voit pas. Ou qu'il est si évident qu'on le tient pour acquis et qu'on ne sent pas le besoin d'en parler. Ou bien on est essentialistes, et on croit que les gens ont des attributs qui les rendent intrinsèquement bons ou mauvais...
Quoi qu'il en soit, voici quelques exemples.
Plusieurs personnes font l'éloge de la loyauté. Qui n'aimerait pas avoir un ami loyal? Ou des citoyens loyaux envers leur patrie? Ou des croyants loyaux envers leur Église?
Mais la loyauté est-elle bonne en soi? Sans doute pas. C'est le contexte qui la rend bonne ou mauvaise. Une loyauté inopportune peut devenir de l'obstination ou de l'aveuglement au-delà de toute raison, et mettre en péril la sécurité ou la vie de certaines personnes.
Ok supposons que j'ai un bon ami, Bob, et que j'ai toujours été loyal envers lui. Mais Bob me dévoile qu'il prépare un crime, qui pourrait porter préjudice à des gens. Mon devoir de justice ne prend-il pas le dessus sur ma loyauté envers Bob, et les « devoirs » de mon amitié? Peu importe que Bob m'ait fait prêter je ne sais quelle serment. Un crime peut être évité, et il me revient d'alerter la police! Si je persistais dans ma « loyauté », je me rendrais complice d'un crime... même passivement. Je peux donc avoir à « trahir » un « ami », ou un « secret », donc à être « déloyal » si la justice l'exige. Une « trahison » peut donc être bonne, et même obligatoire, dans certaines circonstances, et on ne devrait pas culpabiliser le « traître ».
Ou encore prenons le courage. Dans toutes les cultures, à ma connaissance, le courage est tenu en haute estime. Surtout chez les mecs, car on a souvent été en guerre dans l'histoire de l'humanité, et le courage n'est-il pas la base des qualités exigées d'un combattant? Pour être courageux, il faut se dominer, il faut surmonter sa peur, sa peur de mourir, sa peur d'être blessé ou d'être capturé... cela est pas toujours facile. On écrit des poèmes épiques, on fait des films, des romans, des peintures, on fait des célébrations, etc., pour célébrer le courage de héros!! Donc une personne ayant du courage est-elle pour autant une bonne personne?
Pas nécessairement. Si les gens sont pris dans une guerre, et que certains combattants d'un camp prennent conscience que leur camp a tort, que la guerre qu'il mène n'est pas légitime, n'est pas juste, et constitue un crime contre d'autres peuples, alors s'ils persistent à combattre avec « courage », ils se rendent eux-mêmes complices de cette guerre injuste, même si peut-être leurs chefs les récompenseront pour leur « bravoure ». Évaluer positivement le courage suppose que le courage est appliqué à bon escient, pour faire avancer une cause juste, et non pour faire triompher des criminels. La moindre des choses serait d'invoquer l'objection de conscience.
C'est comme les guerres entre gangs de criminels ou de mafieux, où les gangsters peuvent certes se battre « courageusement », mais tout en commettant des crimes qui pourrissent la société et mettent en danger des vies innocentes!! Quel intérêt d'être admiré par quelques racailles pour avoir lutté comme un lion, si en définitive on a brisé des vies?
Vous pouvez refaire l'exercice avec une autre qualité qu'on apprécie en général : l'obéissance.
Même une qualité comme la « pitié », qui nous paraît si noble, n'est pas toujours recommandable, comme l'avait vu Spinoza.