Conséquences de la rivalité hégémonique franco-allemande
L'alternance de la domination franco-allemande, le fait pour la région d'être toujours en première ligne de l'affrontement de ces deux grandes puissances européennes, la crainte permanente de la guerre, les mesures prises par les Français et les Allemands pour « assimiler » la population alsacienne, les répressions, épurations, incorporations de force, déportations, pénuries en temps de guerre, ayant rythmé l'histoire de la région, ont laissé des traces profondes, encore perceptibles chez une partie de la population. La quasi-totalité de la population compte dans sa famille des victimes de la dernière guerre. Le sujet est souvent tabou, surtout en ce qui concerne les incorporés de force : les malgré-nous. La réintégration de l'Alsace dans la République ne s'est pas faite sans difficulté. La perception du dialecte alsacien, très proche de l'allemand, a entraîné de nombreuses maladresses, mal acceptées par la population alsacienne qui ne désire surtout pas être confondue avec ses voisins d'outre-Rhin et appellant les français, "les français de l'intérieur". Une petite partie de la population a également adopté une attitude de rejet, aussi bien envers les Français qu'envers les Allemands sans pour autant être indépendantiste. L'usage du dialecte est encore une manière pour certains de mettre une barrière au francophone, et, au premier abord, les Alsaciens sont plutôt réservés. Le malaise existe donc toujours. L'Alsace, c'est un peu la « France germanisé», français de nationalité, faisant partie de la République, mais soucieuse de préserver sa germanité, son particularisme si souvent méprisé.