"Nous ne sommes pas en Thaïlande"
Provoquer cette prise de conscience, voilà l'objectif de la présidente de l'association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE), Armelle Le Bigot-Macaux : « Dans les toilettes des collèges, via Internet, de 6000 à 8000 enfants se prostituent en France, des Français ou des étrangers. Certains pour survivre. Il est temps de réagir. » Par « enfants », Armelle Le Bigot-Macaux entend des « mineurs ». Et si elle utilise ce terme plus frappant, ce n'est pas sans raison : « Cela fait des années que nous alertons les services publics, et très peu de choses sont faites. Pourtant, il s'agit d'un sujet de société aussi important que la drogue dans les années 1990. »
À la brigade de protection des mineurs (BPM) de Paris, le commissaire Vianney Dyèvre tempère : « Ces chiffres sont exagérés et ne proviennent que d'estimations faites par les associations. Chaque année, nous traitons entre 20 et 60 cas de prostitution de mineurs à Paris, jamais plus. Cela existe, mais nous ne sommes pas en Thaïlande. D'autant plus que le proxénétisme de mineurs est passible de 20 ans de prison et de 3 millions d'euros d'amende. C'est assez dissuasif pénalement. » Du côté des associations, cet écart ne serait dû qu'au fait « que les dépôts de plainte sont très rares ».
Si les chiffres de la police semblent n'être que la partie émergée de l'iceberg et ceux des associations paraissent élevés, « c'est parce qu'il s'agit d'un phénomène très diversifié et dont les formes varient perpétuellement », explique Adrienne O'Deye, sociologue et anthropologue, coauteure du dernier rapport sur La prostitution de mineurs à Paris remis au ministère de la Justice en 2006. Depuis, « avec tous les moyens de communication, cela échappe à tout contrôle. Identifier le problème et avoir des chiffres précis est quasiment impossible ».
L'inquiétante arrivée de la prostitution dans les collèges | Le Figaro Madame