Oui, mais une traduction est une altération. Il y a d'abord la langue, ou les langues. Aucune langue n'a d'équivalence. Pour celui qui parle arabe et français, par exemple, il sait bien qu'il est impossible de traduire littéralement de nombreuses expressions, des mots ou des verbes et qu'il faut "ruser" pour tenter de trouver des équivalences toujours approximatives. Un exemple frappant est, comme en chinois ou en japonnais, le mot Dieu/Allah n'existe pas. Ce qui pose un sacré problème car cela passe, obligatoirement, par des équivalences "douteuses".
Ensuite, il y a le traducteur qui, face à un texte, l'interprète obligatoirement et, selon son expérience, cherchera à le traduire au regard de ses connaissances alors qu'un autre traducteur, confronté au même texte, le traduira différement. Ce qui montre bien la problématique.
Mais la question cruciale serait la suivante: les personens non-arabophones se revendiquant musulmanes sont-elles vraiment musulmanes car, par la barrière de la langue, elles seront toute leur vie maintenues à distance du texte d'origine divine, car y accédant seulement par une sorte de "version édulcoré" et dont le sens n'est pas l'équivalent du sens original ? En d'autres termes, pouvons-nous être musulmans tout en ignorant, notre vie durant, la véritable teneur du texte sacré? Dire que "oui", ne revient-il pas à désacraliser la parole divine?
Or, l'arabe n'est pas une langue sacrée, au contraire de l'hébreu pour les juifs, et il est impossible d'obliger tous les musulmans à lire l'arabe pour des raisons religieuses.