Livre - Tirra : aux origines de l'écriture au Maroc

Retour sur un article de 2004 concernant le livre "Tirra : aux origines de l'écriture au Maroc"

La première publication scientifique de l’Institut Royal pour la Culture Amazighe porte le titre de Tirra. Aux origines de l’écriture au Maroc. Corpus des inscriptions amazighes des sites d’art rupestre. On la doit à un groupe de jeunes chercheurs : Ahmed Skounti, anthropologue, Abdelkhalek Lemjidi, archéologue, enseignant chercheurs à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP) et El Mustapha Nami, archéologue, conservateur du patrimoine à la Délégation de la culture de Marrakech.

L’idée de l’ouvrage est née suite à la constitution par les auteurs, en 2000, du Groupe de Recherches sur les Inscriptions Amazighes du Maroc (GRIAM).

De l’étude des inscriptions associées aux gravures et peintures rupestres dans les sites du Haut-Atlas, de l’Anti-Atlas, des régions présahariennes et sahariennes, la problématique s’est élargie pour embrasser la question de l’origine de l’écriture au Maroc, et plus largement en Afrique du Nord. L’ouvrage publié aujourd’hui n’est donc qu’une première contribution à un travail de recherche de longue haleine que les auteurs conduisent depuis bientôt trois ans. Il s’agit avant tout d’un corpus qui réunit des documents épigraphiques rupestres, inédits pour quelques uns, éparpillés dans des publications peu accessibles au grand public pour d’autres.

L’objectif est de faire connaître ces documents, de remettre en cause l’idée d’une oralité tous azimuts de la société amazighe. Les auteurs posent d’abord le problème de la place des inscriptions et de l’épigraphie amazighes au sein de la recherche archéologique au Maroc. Ensuite, ils expliquent la problématique dans laquelle s’inscrit l’ouvrage, à savoir l’origine de l’écriture au Maroc. En troisième lieu, ils développent une analyse détaillée des données du corpus constitué d’une soixantaine d’inscriptions issues de treize sites répartis sur la moitié méridional du pays, du Haut-Atlas jusqu’à la frontière mauritanienne.

Ils ne procèdent pas à un déchiffrement des inscriptions : cette tâche, la plus ardue du projet, demandera plusieurs années de recherche avant que ces textes ne livrent quelques uns de leurs secrets. Ils essaient de comprendre le lien qui existe entre l’inscription et les gravures ou peintures qui la jouxtent, qu’elles soient des figures d’anthropomorphes, de zoomorphes, d’armes ou de symboles impénétrables. Sans fournir de datation absolue des inscriptions, les auteurs concluent à une plus grande ancienneté de l’écriture amazighes, rejoignant ainsi la préhistorienne Malika Hachid qui situe son apparition au cours de la seconde moitié du IIe millénaire avant J.-C, c’est-à-dire il y a plus de trois mille ans.

Les auteurs confirment également que l’orientation « primitive » de l’écriture amazighe était vertical, de bas en haut.Enfin, c’est un heureux concours de circonstance de voir que la préparation de cet ouvrage a coïncidé, d’abord avec la création de l’IRCAM, ensuite avec l’approbation donnée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’adoption de la graphie tifinagh pour l’écriture de la langue amazighe. Ces deux événements en rehaussent la valeur autant qu’ils redoublent le mérite de ses auteurs.

Et, par-delà son apport scientifique, si cet ouvrage pouvait attirer l’attention sur la fragilité de ce patrimoine rupestre et épigraphique amazighe et, partant, l’urgence de le préserver, il aura atteint son objectif. L’ouvrage est tiré à 3000 exemplaires. Prix : 150 dh.m

source: asays.com
 
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