Le débat culturel est toujours un piège, car on s'enferme facilement dans le "nous" vs. "eux". Ainsi, les adeptes d'une culture pourront toujours s'offusquer de critiques extérieures qui apparaîtront comme une forme d'arrogance mal placée : "De quels droits ceux-là se permettent-ils de critiquer notre culture ? Ils ne comprennent rien à notre culture", etc.
Mais ne peut-on transformer le discours culturel en discours politique ? Prenons l'exemple des pieds bandés en Chine.
- S'agissait-il d'une pratique culturelle chinoise ? (discours culturel)
- Ou bien s'agissait-il d'une pratique patriarcale avec une forme spécifique à la Chine ? (discours politique)
Il est évident que le deuxième discours permet de contourner le conflit culturel pour se concentrer sur un objectif progressiste, à savoir la contestation du patriarcat, lequel prend différentes formes selon les cultures. Et puis concrètement, les pieds bandés étaient assimilables à une torture qui servaient un but politique, à savoir empêcher les femmes de se mouvoir librement.
Les révolutions chinoises se sont fort justement affranchies de cette barbarie, toutes seules, sans l'aide de l'impérialisme occidental.
La même logique prévaut pour l'excision. Ce n'est pas qu'une pratique culturelle, mais une pratique patriarcale avec une forme spécifique à certaines régions d'Afrique. Et puis concrètement, l'ablation du clitoris constitue une mutilation qui empêche les femmes d'éprouver les sensations naturelles qu'elles doivent éprouver au moment des rapports sexuels.
L'arrogance impérialiste occidentale n'a rien à voir là-dedans, ce n'est pas "juste" une pratique culturelle, mais une forme d'oppression patriarcale contre laquelle il est salutaire de se battre.
La culture a bon dos quand il s'agit ni plus ni moins que d'oppression.
