Marie-hélène bacqué. « commençons par appliquer le droit commun dans les quartiers populaires »

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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La sociologue Marie-Hélène Bacqué revient sur les promesses non tenues de la gauche de gouvernement et propose des pistes de réflexion pour que les habitants des quartiers populaires soient enfin considérés et traités comme des citoyens à part entière.

Sociologue et urbaniste, Marie-Hélène Bacqué est une spécialiste reconnue des quartiers populaires. À la demande du ministère de la Ville, elle a écrit en 2013 avec Mohamed Mechmache, président d’AC le feu et coprésident de la coordination nationale des quartiers populaires Pas sans nous, un rapport sur la participation des citoyens.

Qu’est-ce que les violences d’Aulnay-sous-Bois disent de la politique menée vis-à-vis de ces quartiers ?

Marie-Hélène Bacqué. Ce qui se passe à Aulnay montre la permanence des tensions avec la police. Le candidat Hollande avait promis la mise en place d’un récépissé de contrôle d’identité, mais rien n’a été fait. On a même régressé. Avec les attentats et l’état d’urgence, la tension est très forte dans les quartiers populaires. Ce qui se passe à Aulnay n’est pas un épiphénomène. Il y a quelques mois, Adama Traouré a trouvé la mort dans un commissariat. Il faut par ailleurs reconnaitre que la police travaille dans ces quartiers dans des conditions très difficiles, avec des injonctions aux résultats chiffrés, sans formation.Mais cela n’excuse pas le racisme et la discrimination et aujourd’hui, les quatre policiers accusés sont en liberté quand deux jeunes qui ont lancé des pierres sont eux emprisonnés. Il y a quand même un décalage dans la façon dont est rendue la justice. Il est aussi significatif que, jusqu’à cette affaire, les quartiers populaires aient été totalement absents de la campagne présidentielle. C’est terrible qu’il faille une agression aussi violente pour qu’on parle de ces quartiers, et toujours sous le prisme de la violence.

Quels sont les autres points sur lesquels il y a eu peu ou pas d’avancées ?

Marie-Hélène Bacqué. Il y a les discriminations, question centrale dans les quartiers populaires. Là-dessus aussi, on a regressé puisque le Défenseur des droits a des prérogatives moins importantes que la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) qu’il a remplacée. Les politiques n’ont pas pris la mesure de cette question, alors que la racialisation des rapports sociaux monte dans notre société. Au-delà, il y a un éloignement du PS et de la grande majorité des politiques, des classes populaires. A l’Assemblée, seuls 2 % des élus viennent des classes populaires qui représentent 50 % de notre société, sans compter la quasi absence des minorités visibles. Il y a là un vrai problème de représentation mais aussi une méconnaissance de ce que sont les quartiers populaires.......

http://www.humanite.fr/commencons-par-appliquer-le-droit-commun-dans-les-quartiers-populaires-631988
 
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