"Aduku win uDar aZlmaD ikks as tn ufasi", littéralement pour les non-amazighophones : La babouche appartient au pied gauche, elle a été volée par le pied droit. Cest un vers du célèbre rebelle Rays Muhmmad Albnsir. Sommes-nous toujours devant la même scène ? Le même décor ? Les mêmes accessoires ? Jai pensé à ce vers dAlbnsir quand jai remarqué linexistence ou la disparition du Docteur Saad Eddine Elothmani du devant de la scène après la victoire de son parti, le PJD.
Nest-il pas aDar aZlmaD et Benkiran aDar afasi. Comme avant apparition de la constitution, Benkirane a allumé encore sa campagne juste après la publication et lofficialisation des résultats. Avec son entourage, sa tendance au sein du parti, il a encore crié tellement fort que cest lui qui devait être chef du gouvernement et pas son rival Elothmani. Ayant peur que le roi tende vers le choix de la compétence et de la sagesse sans transgresser la constitution, Monsieur Benkirane avec ses disciples Elkhlfi et compagnie ont joué la carte de la coutume en sappuyant sur léquation : Elyousfi était secrétaire général de lUSFP, il est devenu premier ministre, Abbas Elfasi était secrétaire général de Listiqlal, il est devenu premier ministre, alors automatiquement comme veut léquation Monsieur Benkiraen devait être chef du gouvernement.
Ainsi la babouche est volée encore par aDar afasi. Mais où est passé aDar aZlmaD ? A-t-il encore un rôle dans cette scène théâtrale ? Ou sera-t-il un simple figurant ? Ou aura-t-il le rôle dinfirmier stressé traumatisé par laccumulation des problèmes au sein du dispensaire ? La pièce nest pas encore jouée. Seul le directeur de scène formé à linstitut des Hlayqqiyya de Jamàa Lfna décidera du rôle de laDar aZlmad. En attendant que la salle soit comble, le directeur de scène effacera tous les tags écrits en « écriture chinoise » ( cest lexpression employée par Benkirane pour parler de tifinagh) sur le fond de la scène jouée auparavant par sa troupe elle-même. Il passera ses excuses de tout le mal quil a fait et quil va faire encore, et il frottera le dos à tous les autres acteurs qui le souhaitent et qui sont encore dans dautres troupes théâtrales.
La babouche conviendra-elle à laDar afasi ? Le chemin est plein de cailloux, dépines, la babouche tombera-t-elle toujours du pied qui ne lui correspond pas ? Retrouvera-elle un jour le pied qui lui convient ? Retrouvera-t-elle laDar aZlmaD ? Tout dépend du degré du tapage que va provoquer le pied gauche. Mais vraiment lépicier le gentil, le sage, lhonnête, ladepte de la philosophie de lagharas agharas voudra-t-il un jour sortir de son épicerie ? Quittera-t-il son comptoir, pour former une grande halqa autour de lui ? Se présenter au casting avant même que le casting soit lancé ? En attendant tout le reste nest que littérature car Youssef Ben Tachfin restera toujours le méchant, le barbare, le paysan, linculte, et Almouatamid Ben Abbad le gentil, le raffiné, le civilisé.
Auteur: Amazigh LB