Palestine Film documentaire : 5 caméras brisées

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Je viens de voir un documentaire qui m’a profondément ému : 5 caméras brisées de Emad Burnat et Guy Davidi (en salles depuis le 20 février). En sortant de l’Espace Saint-Michel - un cinéma parisien qui mérite d’être soutenu pour sa programmation intelligente et courageuse -, je me sens obligé d’écrire ce texte. C’est la première fois qu’une telle injonction s’impose à moi après avoir vu un film (et j’en vois beaucoup... beaucoup).

Avant de parler de 5 caméras brisées, je tiens à dire que je ne suis pas un spécialiste de ce qu’il est convenu d’appeler le « conflit israélo-palestinien ». Je m’intéresse à cette question depuis quatre ou cinq ans seulement ; j’ai lu quelques livres, un grand nombre d’articles, j’ai vu des documentaires, des reportages, mais je ne revendique aucune expertise.

J’ajoute que je ne fais partie d’aucun mouvement de solidarité, d’aucune association de soutien à la cause palestinienne, je n’ai participé à aucune manifestation, si ce n’est à celle qui a eu lieu le 18 janvier 2011 devant le Panthéon pour protester contre l’interdiction d’une conférence à l’École normale supérieure (1).

Si je considère aujourd’hui comme une évidence que le peuple palestinien est victime d’une immense injustice et que ses souffrances devraient révolter toute conscience en état de fonctionnement, c’est notamment grâce au cinéma documentaire. Mon but principal ici n’est pas de convaincre de la légitimité de la cause palestinienne, je veux simplement inciter ceux qui ne savent pas quelle position adopter (ou ne veulent en adopter aucune), ceux qui pensent que les torts sont partagés, voire ceux qui soutiennent la politique d’Israël (rêvons...), à voir cinq films documentaires. Un ou deux, ce serait déjà bien. Cela ne prendra que quelques heures.

Le plus récent, 5 caméras brisées, dont voici la bande-annonce, montre le combat non-violent des habitants du village palestinien de Bil’in en Cisjordanie contre l’installation d’un mur de séparation qui exproprie de fait ces paysans d’une grande partie de leurs terres, et cela afin d’étendre la colonie juive de Modi’in Illit. Avec une caméra achetée en 2005 pour filmer les premiers jours de son quatrième fils, Emad Burnat documente parallèlement la résistance de son village. Pendant cinq ans, il enregistre la vie de Bil’in, de ses proches, et suit l’évolution de la lutte contre la colonisation. Les manifestations pacifiques sont parfois violemment réprimées par l’armée israélienne ; il y a de nombreux blessés, et des morts. Emad Burnat sera lui-même blessé à plusieurs reprises. Malgré la destruction de cinq caméras, il continuera de filmer avec obstination. Il continue encore aujourd’hui.

Le co-réalisateur de 5 caméras brisées, Guy Davidi, est un juif israélien qui a participé dès 2005 aux manifestations de Bil’in (2). On voit d’ailleurs dans le film d’autres militants israéliens luttant aux côtés des Palestiniens.

Vous l’avez compris, je recommande au plus haut point ce documentaire beau et fort. Cette chronique personnelle d’un combat collectif non-violent donne du courage, elle rend humble aussi ; on ne peut qu’être admiratif devant la détermination pacifique des manifestants. Mais on ressent également de l’indignation, de la colère, face aux injustices et violences commises par l’armée israélienne et les colons.

Je mets au défi ceux qui doutent de la légitimité de la cause palestinienne de s’exposer à ce film et de sortir de la salle sans avoir été ébranlés (au moins un peu) dans leur position.

Malgré une sélection aux Oscars pour le prix du meilleur documentaire, 5 caméras brisées bénéficie d’une sortie très discrète en France. Seulement douze copies sont en circulation. Il est donc important d’aller le voir au cinéma et de faire fonctionner le bouche à oreille pour soutenir la diffusion.

 
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